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même objet. » C’est que, pour lui, l’espace est l’unique contenu de nos représentations visibles (intuitives). Or, cela n’est pas vrai. Pour m’assurer que « le rouge n’est pas vert », toute l’intuition d’espace ne suffit pas. Il faut encore être persuadé de la diversité de la qualité de couleur pour faire un tel jugement. Donc, la notion de contradiction et la loi de la contradiction dérivée de cette notion ne reposent pas sur l’intuition de l’espace dans un autre sens que l’intuition d’autres contenus.

Il reste à montrer quelle valeur ont les images d’espace pour le syllogisme. Selon Lange, l’image d’espace rendant visible un mode de conclure remplace la loi de contradiction.

Pour réfuter cette opinion, M. de Berger montre que l’annulation de la proposition conclusive contredit l’affirmation des prémisses en vertu de la loi de contradiction. Les prémisses prises ensemble disent ce que nous trouvons contenu (den Sachverhalt) dans la proposition conclusive ; je n’ai pas besoin de l’expérience de l’intuition pour savoir que les prémisses rendent nécessaire la proposition conclusive. Penser la proposition conclusive, c’est faire un jugement dans lequel la majeure et la mineure se sont fondues en un seul acte de penser.

Donc, la valeur qu’ont les images d’espace, c’est de rendre claire l’identité de la proposition conclusive et des prémisses ; l’universalité (généralisation) de la règle logique résulte de cette identité, selon la loi de contradiction.

E. Pacully.

Dr Theodor Loewy. — Die vorstellung des dinges auf grund der erfahrung. Ein entwurf. (La représentation de la chose sur le fondement de l’expérience. Ebauche.) Leipzig, C. Reissner, 1887, 275 p. in-8o.

Ce volume comprend dix essais, dans lesquels M. Loewy étudie successivement les contenus et leur séparation, l’étendue, la profondeur, la grandeur, le mouvement, le temps, la vitesse, la réunion des contenus, les contenus et le corps, la conscience. Et c’est l’ébauche, en définitive, d’une théorie de la connaissance, par le moyen d’une analyse psychologique.

La chose, ce mot de l’expérience journalière, est trop facile ou trop difficile, suivant la manière de l’entendre. M. Loewy ne parle donc pas de choses, mais de contenus. Un contenu (Inhalt) est essentiellement, dans sa langue, la sensation ; mais c’est la sensation en bloc, enfermant tous les éléments internes ou externes qui la constituent ou la provoquent. Un son, une couleur, sont des contenus ; et le contenu rouge, par exemple, n’est pas seulement la propre sensation du rouge, il est aussi la vibration des ondes, l’excitation des nerfs, etc., et la sensation n’est pas sans ces phénomènes concomitants (Begleiter-scheinungen), les uns externes, les autres internes ou répondant aux parties excitées de notre corps. Ces concomitants peuvent seuls faire