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ANALYSES.Th. Lœwy. La représentation de la chose, etc.

que les contenus se distinguent, se dégradent, se fusionnent pour l’individu, ou sont comparables pour les individus. Ils sont l’extensif, quand la sensation est l’intensif.

Dans les recherches de la psycho-physique, on n’évalue pas le contenu, mais bien les phénomènes associés, qui seuls sont quantitatifs ; on détermine le rapport du contenu intensif, ou sensation, avec des grandeurs d’espace, et on cherche enfin dans l’étendu un signe du non-étendu.

Il n’est point de contenu qui n’ait le toucher pour concomitant. C’est pourquoi l’on a ramené au toucher les autres sens, et les différentes espèces du toucher, selon les places du corps qui se trouvent affectées, produisent en effet la différenciation des sens.

Le fait psychologique s’appelle perception, quand les phénomènes concomitants sont présents, et représentation, quand ils sont rappelés. M. Lœwy paraît accepter la thèse la plus récente, que l’image, ou l’idée, met en jeu les mêmes éléments que la perception. Les contenus, nous dit-il en sa langue, sont ordonnés d’ailleurs de telle façon, que plusieurs deviennent des représentations, quand suivent les contenus qui leur donnent ce caractère, et il n’est pas légitime de prendre toute la série pour la qualifier représentation ou perception, pour affirmer que notre vie est un rêve, ou une réalité.

Sur ces considérations préliminaires, M. Lœwy établit la discussion des faits d’étendue, de grandeur, etc. Cette discussion est très serrée et appuyée de figures. M. Lœwy s’y montre attentif à dégager dans chaque notion, soit le contenu réel, soit la représentation, soit le phénomène concomitant. Il n’accepte point, par exemple, l’étendue telle quelle, et il estime que l’espace tactile ne provient que de contenus tactiles, l’espace visuel de contenus visuels. Mais les contenus visibles s’associent, pour le voyant, aux contenus du toucher qui n’ont pas de lieu visible, en vertu de notre structure corporelle qui fait qu’à chaque contenu tactile répond un lieu dans l’étendue visible du corps.

De même des mouvements visibles du corps répondent aux mouvements qui s’expriment en sentiments musculaires. Nous ne voyons pas la troisième dimension, la profondeur ; mais nous avons vu un objet sous ses trois faces, la fusion de ces visions distinctes a engendré un système d’étendues voisines, et en définitive une foule d’expériences de perception, passées en représentation de contenus visuels, enrichissent maintenant pour nous n’importe quelle étendue perçue et produisent la vue artificielle.

Pas plus que l’étendue, la grandeur n’est une chose telle quelle. Les contenus du télescope se trouvent dans un espace au delà de celui que la libre vision embrasse, et les contenus du microscope dans cet espace prochain où tous les contenus gisent confusément noyés. Simple question de distance. Il n’y a pas plus de lieux dans l’un que dans l’autre cas-On passe des contenus déterminés d’une distance, aux contenus déterminés d’une autre distance, et c’est une suite dans la représentation.