Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


REVUE DES PÉRIODIQUES


Rivista sperimentale di Freniatria.

An. XII, fasc.  I à IV.

Bianchi. Un cas de surdité verbale, et méthode pédagogique appliquée au traitement. — Les documents recueillis jusqu’ici sur la surdité verbale sont peu nombreux, et ils ne concordent pas toujours. L’observation de Bianchi nous parait être une des plus intéressantes qu’on ait publiées. Il s’agit d’un jeune commerçant, intelligent, âgé de vingt-quatre ans, fils d’un homme très nerveux et peut-être même épileptique, qui à la suite de mauvaises affaires fut frappé d’une hémiplégie droite, avec aphonie. Au bout de 15 jours, la paralysie du bras s’était considérablement amendée, et le malade se servait de son membre pour tous les actes qui n’étaient pas trop complexes. Ce qui persistait, c’étaient les troubles du langage, et notamment de la surdité et de la cécité verbale — En ce qui concerne la surdité, il est à observer que le malade, qui avait l’aspect d’un dément, ne répondait à aucune des questions qu’on lui posait ; il voyait bien qu’on l’interrogeait, mais, au lieu de répondre, il se tournait vers la personne qui l’accompagnait, comme pour la prier de répondre à sa place. Il comprenait très exactement la mimique, et répétait tous les mouvements qu’on faisait devant lui. L’obstacle ne venait donc pas de l’intelligence. Il ne venait pas davantage de l’organe de l’ouïe, car lorsque, dans un profond silence, on approchait une montre à 10 centimètres de l’oreille du sujet, dont les yeux étaient fermés, celui-ci reculait avec étonnement. Où donc siégeait la lésion de la surdité verbale ? M. Bianchi a fait à ce sujet des observations qui nous paraissent capitales, bien qu’il n’en ait peut-être pas vu toute l’importance — « II faut lui répéter trois ou quatre fois son nom, Arthur, et en le scandant à haute voix, pour qu’il le répète ; il le répète alors comme un perroquet, d’autant plus qu’il ne rapporte pas ce nom à sa propre personne… Il ne parle pas spontanément ; mais si on lui répète successivement, et à haute voix, un mol bisyllabique, en lui faisant apprendre séparément chaque syllabe, et ensuite en l’habituant à les associer, il y parvient ; c’est ainsi qu’en peu de jours, il a appris à répéter les mots : padro, caro, buona sera, et il était si content qu’il les répétait ensuite spontanément, sans qu’on les lui demandât. » Ainsi quand il eut appris à dire le mot « buona sera (bonsoir) » en saluant, il répétait gracieusement ce mot, à toutes les heures de la journée, le matin comme le soir, toutes les fois qu’il rencontrait un de ses amis sur son chemin. De même, il apprit rapidement les mots pane, acqua, et les noms des autres aliments, mais sans leur donner un sens.

Ce malade n’était pas agraphique, il pouvait écrire sous la dictée ; il n’écrivait pas spontanément ; si on lui mettait une plume dans la main,