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en lui ordonnant d’écrire, il traçait des mots qui n’avaient aucun sens ; au contraire, il écrivait exactement sous la dictée des mots qu’il ne comprenait pas. Ainsi, lui demandait-on de répondre à la question suivante : « De quel pays êtes-vous ? » il écrivait les premières lettres de la question : « De quel pays. »

Après l’accident, la cécité verbale était complète ; lorsque, sous l’influence du traitement, le malade commença à comprendre quelques-uns des mots qu’on prononçait devant lui, il devint aussi capable de les lire. Mais, fait curieux, il ne pouvait pas lire les mots qu’il avait appris à répéter comme un perroquet sans les comprendre.

Cette observation est remplie d’enseignements. On sait que Lichtheim admet plusieurs formes de surdité verbale : l’une par lésion des voies allant de la périphérie au centre acoustique, la seconde par lésion du centre acoustique, la troisième par lésion des voies allant de ce centre aux centres divers de l’idéation. Nous pensons que c’est cette dernière lésion qui s’est produite dans le cas de Blanchi ; la possibilité de retenir et de répéter certains noms articulés prouve que le centre acoustique n’a point été gravement atteint.

La méthode principale de traitement a été la méthode pédagogique, on a fait la rééducation du malade comme s’il n’avait jamais su parler, et qu’il se fût agi d’un petit enfant. — Les résultats obtenus en peu de temps ont prouvé l’excellence de cette méthode.

Giovani. Sur un singulier phénomène hallucinatoire présenté par une névropathe. Il s’agit d’une malade qui, entre autres symptômes nerveux, a des hallucinations visuelles pendant la veille ; ces hallucinations consistent dans des figures qui passent devant ses yeux et changent à chaque instant d’expression ; le fait curieux, c’est que ces apparitions sont déterminées, chez le sujet, par des convulsions qui se produisent dans les muscles de la face et du cou ; il existe un rapport constant, d’après le témoignage du sujet, entre la forme de la convulsion et la nature de la figure hallucinatoire. L’auteur, se fondant principalement sur ce fait que les convulsions dont il s’agit altèrent dans un sens donné la physionomie du sujet, voit dans ces phénomènes une suggestion automatique du mouvement sur les idées, comparable à l’influence cataleptique du geste sur la physionomie.

Sergi. Recherches de psychologie expérimentale. — Ce très important travail de Sergi, dont le titre est trop général, se compose de recherches psychométriques dont les résultats contredisent à peu près tous ceux qui ont été donnés pas d’autres observateurs, et notamment par Wundt. Ainsi, pour les réactions acoustiques simples, Sergi arrive, chez un de ses sujets, à une moyenne de 0,0617″ bien inférieure à celle de Wundt qui est de 0,167″ — Toutefois, le chiffre de Sergi n’est pas aussi extraordinairement petit qu’il le croit, car nous avons rendu compte ici même d’expériences de Guicciardi, Tanzi et Gionini, qui avaient donné des moyennes à peu près aussi basses de réaction acoustique. — Un résultat plus inattendu des recherches de Sergi, c’est que, chez ses