Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
RICHET.les réflexes psychiques

tité d’excitation physique n’influe pas : il n’y a que la qualité qui a déterminé la réponse réflexe. Tout l’effet réactionnel dépend de l’émotion produite.

Ainsi le réflexe ne dépend pas de l’intensité de l’excitant, mais de l’intensité de l’émotion des centres nerveux.

On comprend alors que, suivant la disposition organique de tel ou tel animal, de tel ou tel individu, le même excitant provoquera des émotions très différentes. Ce qui éveille amour chez l’un va provoquer frayeur chez un autre, colère chez un troisième : et alors, fatalement, les réflexes très différents de l’amour, de la frayeur et de la colère seront la conséquence de ces émotions, très différentes, conséquences d’un excitant identique.

Nous pouvons donc caractériser les réflexes psychiques d’émotion en disant que ce sont des mouvements involontaires, succédant à l’émotion des centres nerveux, provoquée elle-même par l’excitation d’un nerf sensible.

§  3. De l’excitation extérieure dans les réflexes, émotifs. — Dans le réflexe émotionnel que nous avons pris pour exemple, il y a des éléments divers, car il y a intervention des trois termes dont se compose tout acte réflexe : le terme sensitif, l’élaboration centrale et le terme moteur. Autrement dit : en premier lieu, l’excitation périphérique ; en second lieu, la réaction émotionnelle des centres nerveux ; troisièmement, la réaction motrice de cette émotion.

Nous allons envisager successivement ces trois termes

Prenons d’abord l’excitant extérieur.

Dans l’exemple que nous avons choisi, l’excitation est assez indifférente ; et il en est ainsi pour beaucoup de réflexes psychiques : la frayeur, l’amour, la colère, le dégoût, peuvent être amenés par des excitations multiples, n’ayant, au point de vue physique, aucune ressemblance entre elles.

La colère par exemple peut être produite par ce qu’on voit, ou par ce qu’on entend, ou par ce qu’on sent, ou par ce qu’on goûte, ou par ce qu’on touche.

Malgré cette diversité dans le stimulus, certaines émotions semblent particulièrement liées à une sorte d’excitation qui est presque spécifique, et qui paraît plus apte que toute autre excitation à provoquer cette émotion particulière.

Par exemple la sensation de goût, qui détermine la mastication, et des sécrétions salivaire et gastrique plus abondantes, n’est guère provoquée que par le contact des substances sapides avec la base