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de la langue, le voile du palais et les piliers du voile du palais.

On ne pent même pas dire que la déglutition, provoquée par le goût, est un réflexe psychique, car elle est volontaire dans les deux premiers temps (de même d’ailleurs qu’est volontaire la mastication) et involontaire dans le troisième temps (mouvements de l’œsophage). Cependant la déglutition est à la limite entre les actions volontaires, les réflexes psychiques et les réflexes simples.

Ce n’est pas tout à fait une action volontaire ; car on ne peut guère déglutir à vide. Un stimulant extérieur est presque nécessaire ; et d’autre part il est parfois presque impossible de ne pas faire un mouvement de déglutition quand le bol alimentaire s’engage entre les piliers du voile du palais. Qu’on tente cette petite expérience, et on constatera combien il est difficile de garder longtemps dans la bouche un aliment sucré, par exemple, sans faire des mouvements involontaires de déglutition.

D’autre part, à certains égards, la déglutition est un réflexe psychique ; car le contact d’un corps étranger, non alimentaire, avec le voile du palais détermine le vomissement, ce qui est pour ainsi dire le contraire de la déglutition, puisqu’il y a rejet de l’aliment dans le cas de vomissement, appréhension de l’aliment dans le cas de déglutition. Il faut par conséquent admettre une sorte de discernement, très obscur, de la qualité de l’excitant puisqu’un morceau de pain mis dans la bouche provoque la déglutition, tandis qu’une barbe de plume provoque le vomissement.

Nous sommes donc ici tout à fait à la limite entre les réflexes psychiques et les réflexes non psychiques, les actes volontaires et les actes non volontaires.

En général, les réflexes du goût et l’émotion gustative agréable ne se produisent qu’à la suite de l’excitation des nerfs propres du goût ; cependant l’émotion gustative, avec les réflexes qu’elle détermine, peut parfois être amenée par la seule vue d’un objet sapide. La vue, et surtout l’odeur d’un mets savoureux font venir l’eau à la bouche, comme on dit vulgairement. C’est là un excellent exemple de réflexe psychique. Il y a en effet dans ce cas excitation de la sécrétion salivaire par la voie rétinienne, ce qui n’est assurément pas la voie normale. Or, si une excitation rétinienne a eu cet effet, c’est qu’elle a provoqué dans les centres nerveux une émotion gustative capable d’agir sur le nerf facial et la corde du tympan qui font couler plus abondamment la salive.

Pour l’émotion de goût, il y a aussi des nerfs spécifiques liés plus directement que les autres à l’émotion de dégoût. Ce sont les nerfs du goût et de l’olfaction, qui, étant ébranlés d’une certaine manière,