Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
393
RICHET.les réflexes psychiques

amènent la répulsion du goût ; une saveur amère, une odeur fétide provoquent le dégoût et le vomissement réflexe.

Mais, dans nombre de cas, le dégoût est éveillé indirectement par d’autres excitations. La vue d’une charogne, par exemple, ou le récit d’une histoire malpropre, ou le contact d’une pourriture provoquent le dégoût avec autant de force qu’une saveur franchement amère. Le rapport immédiat, simple, entre l’excitation et la réaction n’existe plus : il faut faire intervenir l’élaboration intellectuelle, dont la nature est déjà plus ou moins compliquée, et qui transforme la sensation visuelle, ou acoustique, ou tactile, en une émotion de dégoût, pour aboutir à un ébranlement des nerfs moteurs qui président aux mouvements de dégoût.

Pour l’érection, il y a aussi des nerfs spécifiques en quelque sorte : ce sont les nerfs du gland et de la verge, qui peuvent amener l’érection par voie réflexe, même sans l’intervention des centres nerveux supérieurs. Après section de la moelle, ou chez les individus paraplégiques, le contact du gland et de la verge amène l’érection, sans qu’il y ait conscience du contact.

Mais tous les autres nerfs de la sensibilité générale ou spéciale peuvent aussi produire l’érection. La vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher fournissent des sensations qui sont toutes capables d’entrainer l’érection. Ces nerfs agissent en provoquant une émotion, l’émotion amoureuse, laquelle a pour conséquence l’érection des appareils génitaux capables de s’ériger.

Le caractère réflexe de cette érection n’est pas douteux ; et leur caractère psychique est tout aussi évident. M. Binet racontait ici même il y a quelque temps que tel parfum, chez des individus, il est vrai, prédisposés, suffisait à amener l’érection. Il est certain que cette érection était réflexe, et qu’elle n’aurait pas eu lieu sans l’excitant extérieur. D’autre part, elle était aussi psychique, résultant d’une élaboration intellectuelle, l’influence des centres nerveux qui avaient transformé l’excitation étant évidente.

Pour la douleur, la colère, la frayeur, il n’existe pas d’excitation spécifique, avec nerfs spéciaux, comme pour le goût, le dégoût et l’amour.

D’abord, pour la douleur, toute excitation forte d’un nerf de sensibilité générale est capable de faire naître l’émotion douleur, et, avec l’émotion douleur, les mouvements réactionnels qui l’accompagnent.

Quant à la frayeur, elle n’a pas d’excitant spécifique. Il y a