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RICHET.les réflexes psychiques

des différences individuelles, pour l’organisation nerveuse mentale au même titre que pour les traits de la figure ou pour la forme du corps.

Ainsi je ne prétends pas nier l’individualité, plus ou moins marquée, des nouveau-nés. Je crois qu’il y a en effet chez les divers nouveau-nés quelques différences. Mais elles sont peu marquées, et, si elles s’accentuent plus tard, c’est parce qu’il y à une influence, qui s’accumule, de souvenirs et d’excitations différentes.

Cette variété dans les individus, d’autant plus marquée que l’être est plus compliqué, ne contredit aucunement notre classification des réflexes psychiques en réflexes d’organisation et réflexes d’acquisition. Elle prouve seulement que l’organisation nerveuse des êtres d’une même espèce et d’une même race, quoique étant très uniforme, n’est cependant pas identique et comporte de nombreuses variations individuelles, portant sur les détails, non sur le fond même des réactions psychiques.

5. Effets moteurs des réflexes psychiques. — Les émotions provoquées par les excitations extérieures déterminent un mouvement réflexe. Sous cette forme nous énonçons une hypothèse ; et il vaudrait peut-être mieux dire qu’il y a en même temps qu’une émotion un mouvement réflexe. Cependant il est bien vraisemblable que ces mouvements réactionnels sont dus à l’émotion de l’âme. Sans cette émotion, plus ou moins nettement consciente, il n’y aurait probablement pas de réaction réflexe, et c’est parce que l’émotion existe que la réaction réflexe existe. En somme, les réflexes psychiques peuvent être appelés réflexes d’émotion, car ils coïncident toujours avec une certaine émotion de la conscience, de sorte qu’on est tenté de voir entre le mouvement extérieur excitateur et l’émotion de l’âme une sorte de corrélation nécessaire.

Le phénomène moteur peut porter tantôt sur les appareils de la vie végétative, non soumis à l’influence de la volonté (cœur, vasomoteurs, respiration, iris, appareils glandulaires), tantôt sur les muscles de la vie animale (muscles soumis à l’influence de la volonté).

Pour les réflexes du premier type les exemples abondent. Le dégoût arrête le cœur (ou l’accélère), fait pâlir la face, contracter les muscles pileux (chair de poule). La lecture d’un livre érotique, ou la vue d’une gravure licencieuse, ou un contact amoureux, amènent l’érection. Un mot injurieux fait rougir. La frayeur accélère les battements du cœur et les rend si tumultueux qu’on est tenté d’appuyer la main sur la poitrine pour en arrêter la violence. Une douleur (morale ou physique) fait couler les larmes. La colère arrête la