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RICHET.les réflexes psychiques

a eu lieu, nous retirons vivement la main, et avec une telle vivacité que la main est déjà retirée avant que notre conscience ait eu la notion même de la brûlure.

Cet acte est fort intéressant à étudier : car c’est à la fois un réflexe simple et un réflexe psychique. Ou plutôt il est à la limite des réflexes simples et des réflexes psychiques, tellement il est bien localisé, nécessitant à peine la mise en jeu des appareils psychiques et une élaboration intellectuelle quelconque avec connaissance de l’excitant. On peut en effet supposer que l’excitation des nerfs sensibles agit, presque en dehors de la conscience, sur les centres nerveux de la moelle épinière qui commandent le retrait de la main.

Supposons que l’excitation, au lieu d’être une chaleur inattendue, soit une véritable petite brûlure ; nous retirerons notre main en la secouant à plusieurs reprises, comme pour mieux nous délivrer du contact brûlant, et nous ferons en même temps un mouvement de retrait de l’autre bras. Il y aura un commencement d’irradiation.

Si enfin la brûlure est très forte, et la douleur extrême, alors nous exécuterons toute une série de mouvements très étendus, presque violents même. Ce sera d’abord, et avec une rapidité encore plus grande, si c’est possible, que tout à l’heure, le retrait de la main brûlée : puis ce sera un mouvement général de recul de tout le corps, un cri laryngé, peut-être une expression d’angoisse sur la figure, avec des larmes et des grincements de dents ; peut-être des sauts, des bonds, des mouvements de fuite, etc. : toutes actions réflexes dont la volonté ne saura empêcher le cours, et qui sont la conséquence nécessaire de l’excitation cutanée et de l’émotion douleur. L’ébranlement général de la moelle a suivi la forte excitation de la sensibilité.

Ainsi, suivant l’intensité de l’émotion, le réflexe psychique a été localisé ou irradié.

Pour les autres émotions, nous pourrions observer la même différence entre les mouvements simples qui sont localisés et les mouvements plus complexes qui sont irradiés. Les mouvements simples sont l’effet d’une excitation et d’une émotion faible ; les mouvements complexes accompagnent une excitation et une émotion forte.

Quand un objet est approché vivement de l’œil, il y a un clignement de la paupière ; c’est le réflexe psychique localisé. Puis, si l’excitant est plus effrayant, ce réflexe s’irradie, et il y a rejet de la tête en arrière. Enfin, si l’objet est plus menaçant encore, nous faisons avec tout le corps un saut en arrière, ou même nous prenons la fuite pour nous soustraire au danger.

Il conviendrait peut-être encore d’établir une distinction entre les