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mouvements et les actions. Un mouvement, localisé ou irradié, est la contraction d’un ou de plusieurs muscles, contraction qui suit immédiatement l’excitation nerveuse, tandis qu’une action est un phénomène plus compliqué, moins immédiat, dont le caractère réflexe n’est plus aussi évident. Mais nous avons montré antérieurement que ces actions, si compliquées en apparence, sont de véritables réflexes d’acquisition, dus à l’activité de notre mémoire. Aussi n’est-il pas besoin d’y revenir, sinon pour rappeler que toutes les transitions imaginables existent entre les mouvements les plus simples, les plus localisés, et les actions les plus compliquées, les plus générales, entre les réflexes proprement dits, dus à notre organisation héréditaire, et les réflexes plus compliqués dus aux acquisitions de la mémoire.

Le caractère mécanique, c’est-à-dire involontaire, de tous ces phénomènes, est absolument incontestable. Ils méritent donc d’être classés parmi les phénomènes réflexes, mouvements involontaires succédant immédiatement à l’excitation d’un nerf sensible. Ce n’est pas à dire par là que la volonté n’ait pas d’influence ; la volonté a de l’influence sur les réflexes ; mais elle ne les produit pas.

Mais, outre cette classification, il y en a une autre qui s’impose,

En effet, pour les mouvements de la vie animale, comme pour les mouvements de la vie organique, il y a des réflexes d’inhibition, aussi nombreux et aussi importants que les réflexes d’excitation.

En effet bien souvent la frayeur, le dégoût, la douleur, au lieu de provoquer un mouvement nouveau, arrêtent ou ralentissent un mouvement commencé. Voici par exemple un individu qui marche sur une grande route. — Peu nous importe la cause qui le détermine à marcher. — Si rien de nouveau ne survient, il continuera à cheminer en avant, et à faire les mouvements automatiques de la marche. Tout d’un coup, au détour du chemin, apparaît un lion qui lui cause une terreur extrême. Alors le malheureux est, comme on dit, pétrifie : il ne peut plus faire un pas ; ses genoux fléchissent ; ses jambes lui refusent tout service ; ses mains défaillantes laissent tomber l’objet qu’elles tenaient. Il y a arrêt de la marche, cessation du mouvement commencé, inhibition des muscles volontaires.

Dans la série animale on trouve quantité d’exemples analogue. La peur chez beaucoup d’êtres se manifeste par un arrêt des actions musculaires. L’animal est arrêté, comme disent les chasseurs. La perdrix tenue en arrêt par le chien, la mésange fixée par un serpent qui la fascine, ne peuvent plus continuer à se mouvoir. L’émotion réflexe ne se traduit plus par un mouvement, mais par une cessation du mouvement. Certains animaux, surpris par une excitation terri-