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sentations. Il conclut de son travail : que l’attention sensorielle est une assimilation d’une impression avec une image, que cette image est évoquée par l’innervation volontaire (aperception) ; que les oscillations de cette aperception dépendent de la relativité des phénomènes psychiques et, d’un autre côté, sont la cause de toute autre périodicité dans la conscience.

Wundt. La sensation de la lumière et des couleurs. — Tout ce que les recherches physiologiques permettent de soutenir avec vraisemblance au sujet de la vision, c’est son Caractère chimique : le reste est tiré d’études dues soit à la physique expérimentale, soit à l’analyse psychologique.

L’auteur se propose d’examiner les diverses théories qui ont cours sur la question. Elles reposent sur la construction de ce qu’on appelle le tableau des couleurs, qui se propose de répondre objectivement et subjectivement au mélange des diverses couleurs. Examen critique de trois théories principales :

1o Théorie des trois couleurs (Young-Helmholtz) : il y a trois sensations fondamentales et trois processus fondamentaux dans la rétine. Il n’y a pas de correspondance entre les propriétés subjectives des sensations de mélange et les processus objectifs : ainsi le jaune, le bleu et le blanc sont simples comme sensations, composées comme processus rétiniens. — Wundt pose six conditions auxquelles toute théorie des couleurs doit satisfaire ; il s’attache à montrer que la thèse de Young-Helmholtz ne satisfait qu’aux deux premières, qu’elle est insuffisante pour les autres, notamment pour l’explication de la cécité pour diverses couleurs. De plus, elle échoue dans sa tentative de rendre compte de sensations incolores.

2o Théorie des quatre couleurs (due principalement à Hering). Elle se fonde sur ce principe de Mach : À tout ce qui est psychique correspond du physique et réciproquement. (Wundt conteste d’ailleurs cette réciprocité, qui suppose une métaphysique hylozoïste.) Elle s’appuie sur le principe de correspondance et admet quatre couleurs fondamentales : rouge, jaune, vert et bleu, plus deux qualités des sensations incolores : blanc et noir. Subjectivement, elle admet comme spécifiques les sensations qui ne nous apparaissent pas comme résultant d’un mélange. — Cette théorie explique, comme la précédente, la production de toutes les couleurs et leur mélange ; elle a de plus l’avantage de pouvoir expliquer la dépendance de la saturation des couleurs à l’égard de l’intensité lumineuse ; mais elle ne satisfait pas aux autres conditions.

3o Théorie des gradations (Stufentheorie). Si l’on s’en tient aux données subjectives de la sensation, en faisant abstraction de tout ce qu’on sait ou soupçonne sur la cause objective, on conçoit deux séries, l’une, des sensations incolores, l’autre, des sensations colorées. On peut passer par degrés du noir le plus sombre au blanc le plus clair ; et de même d’une couleur quelconque à une autre si éloignée qu’elle