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société de psychologie physiologique

Léonie ne pourrait être fait par Mme X… (qui travaille, paraît-il, plus lentement) qu’en trois heures, et par C. (qui travaille plus lentement aussi) en une heure et demie. Léonie, étant réveillée, me dit qu’il lui faut à peu près quarante-cinq minutes pour faire ce travail. On peut donc considérer qu’une durée d’environ quarante-cinq minutes s’est écoulée entre le moment (1 heure) où Léonie est entrée, après son déjeuner, dans la petite pièce, et le moment où, étant endormie, elle a cessé de travailler, ce qui fait que l’heure de son sommeil serait 1 h, 45 environ, heure qui concorde très bien avec celle de mon action à distance.

J’ajoute que Léonie ne savait pas que j’avais la clef de l’appartement, et que je ne venais jamais ou presque jamais à 2 heures ; de plus que Mme X., en allant voir quel était l’état de Léonie, l’a trouvée endormie.

Cette expérience est donc un succès, mais elle a quelques côtés défectueux : d’abord mon impuissance complète à déterminer Léonie à venir dans la pièce où j’étais ; ensuite l’appréciation — quelque peu artificielle — du moment où l’action a commencé. Enfin quoique l’état de somnambulisme ait été bien caractérisé, par l’attitude, l’allure, la clôture des yeux, la docilité (sans résistance) aux paroles de Mme X., ce n’était pas le somnambulisme complet, tel qu’il peut être obtenu, quand on endort Léonie en lui tenant les pouces. Il est vrai que jamais on ne peut comparer le somnambulisme provoqué à distance ; et le somnambulisme provoqué par contact direct. Nous pouvons donc compter cette expérience comme un succès incomplet.

Neuvième expérience. — Entre la huitième et la neuvième expérience se place un fait qu’il est nécessaire de rapporter.

Le mardi 25, n’ayant fait aucune tentative pour endormir Léonie, j’arrive chez Mme X. à 3 heures. Je trouve Léonie en état de somnambulisme. Mais cet état était tout à fait spécial. Elle ne me répondait pas ; elle re répondait pas non plus à Mme X. Elle avait les veux à demi fermés, obstinément dirigés sur une montre en or qu’on lui avait donnée l’avant-veille. Toutefois ce n’était pas le cadran qu’elle regardait, mais bien la boîte en or. Après que je lui ai eu touché le front, et abaissé les yeux, elle m’a répondu : « C’est la montre qui m’a endormie », et, comme j’insistais, elle a persisté dans son affirmation. Elle m’a même prié de lui recommander, quand elle serait éveillée, de ne pas regarder ainsi le couvercle de sa montre, ce qui pourrait ainsi l’endormir d’une manière fâcheuse, notamment pendant le voyage qu’elle doit prochainement effectuer de Paris au Havre.

À 6 h. 50, je la réveille, et je prends congé d’elle ; puis je fais semblant de sortir ; mais, au lieu de sortir, je cherche à l’endormir de 6 h. 55 à 7 h. 10. Nul effet appréciable.

Il eût certes été très intéressant de réussir dans ces conditions qui me paraissaient excellentes ; car assurément nulle expectant attention