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obtenu un retard qui, autant qu’on peut l’apprécier d’après des chiffres dont l’évaluation est aussi approximative, me donne une moyenne de douze minutes environ. On peut donc admettre que, en général, chez Léonie, l’effet se manifeste dix minutes à peu près après que l’action a commencé.

Il est intéressant de comparer à ces chiffres ceux que M. Janet a obtenus sur le même sujet.


1re expér. 2e 3e 4e Sc 6e 7e 8e Je 10e (p. 73 du Bull.) (p. 79) (p. 74) (p. 121 du livre de M. Ochorowicz) (p. 123) (p. 130) (p. 138) (p. 142) 333 à 3h45 3h à 3¹12 8h 9h 5h50 11h50 8h55 à 910 429 2455 3h33 (⁹) 3h18 8h3 947 410 ( ?) 10’6h 12h5 8457 433 35 0 18* 3’10" 15’24

Ces dix expériences nous donnent ainsi constamment un retard ; et ce retard est de neuf minutes en moyenne, de sorte qu’il coïncide assez bien avec la moyenne de mes expériences.

La précision de pareilles mesures n’est qu’apparente assurément, et, quand on a pris l’habitude des mesures exactes, telles qu’on les pratique aujourd’hui dans les sciences physico-chimiques, on est quelque peu dérouté par ces appréciations arbitraires. Mais cependant, dans l’ensemble, on peut raisonnablement admettre que presque toujours l’action est retardée, avec un retard variant de deux à vingt minutes.

Pour expliquer ces faits, je ne vois que quatre alternatives possibles:

1o Le hasard… ;

2o La simulation volontaire, machinée avec tout un appareil de tromperie… ;

3o La simulation involontaire ou auto-suggestion…;

4o Une action réelle s’exerçant à distance.

Le hasard est une hypothèse très simple : mais elle ne me parait pas acceptable, car il faudrait admettre une série, tout à fait peu probable, de coïncidences fortuites heureuses, agissant dans le même sens. Sur les seize expériences que M. Janet a vu réussir, il y a eu seize fois retard et jamais avance. Sur les six expériences que j’ai faites avec succès, il y a eu six fois retard et jamais avance ; au total, sur vingt-deux expériences, vingt-deux fois retard, et pas une seule fois avance. C’est, au point de vue du calcul des probabilités, comme si l’on jouait à pile ou face, et que vingt-deux fois de suite on tournait toujours pile. Dans l’espèce, la probabilité est de deux millionièmes, c’est-à-dire assurément presque nulle. Cela équivaut à la certitude.

Mais ce calcul est fait pour tromper ; car il suppose que l’expérience