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un caractère marqué de finalité. C’est là un caractère que nous trouvons partout et toujours dans tous les actes de l’esprit et que les lois de la contiguïté et de la ressemblance ne peuvent pas remplacer. Comme nous le verrons, ces deux lois à peu près exclusivement mises en avant par l’école anglaise, sont tout au plus des lois secondaires, et peuvent se ramener à une loi de systématisation. L’examen des faits nous conduit, à mon avis, à des conclusions absolument opposées sur bien des points à celles qui ont été généralement acceptées dans l’école expérimentale associationniste.

II

C’est la physiologie qui nous a donné la loi de finalité ou de systématisation, dont l’application à la psychologie paraît indispensable. En effet, de nos jours, la biologie et la psychologie deviennent inséparables. Peu de philosophes nient que la psychologie, au moins pour l’étude des formes inférieures de l’esprit (instinct, sensations, etc.), ne soit un prolongement de la biologie, et l’opinion se répand de plus en plus que la psychologie entière est une partie ou une dépendance de la biologie. Or l’école associationniste a presque constamment négligé les phénomènes physiologiques. Ou bien ceux qui comme Bain ont accordé dans leurs ouvrages une place importante à l’étude des phénomènes physiologiques ont manqué de l’esprit de synthèse, et se sont trop bornés à des descriptions ou à des analyses, à des rapprochements qui laissent de côté le problème général. En fait une conception d’ensemble de la psychologie et de ses rapports avec la biologie suffit, alors même qu’on n’entre pas dans le détail des phénomènes, pour faire abandonner ou modifier profondément la théorie de l’associationnisme. Il est à remarquer d’ailleurs que le philosophe anglais qui a eu au plus haut degré l’esprit synthétique, et rattaché entre eux autant que possible les groupes de plus en plus complexes des phénomènes naturels, M. Spencer, est peut-être celui qui fait intervenir le moins les lois de l’association par contiguïté et ressemblance, bien qu’il ne se soit par suffisamment dégagé de l’école qui domine dans son pays. Plusieurs raisons nous prouvent que l’école associationniste est impuissante à donner une théorie générale de l’esprit, et qu’il faut de toute nécessité faire intervenir d’autres principes, d’autres lois que les lois de la contiguïté et de la ressemblance.

La psychologie comprend l’étude des relations de l’individu avec son milieu, les impressions qu’il reçoit de ce milieu, et aussi les réactions par lesquelles il s’adapte à ce milieu ou le modifie, se ratta-