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circonvolutions, puisqu’on somme le cerveau du second n’est pas moins plissé dans son ensemble que le cerveau du premier et qu’il est en outre plus volumineux, bien que Bertillon ait été d’une stature inférieure. Or le plissement du cerveau n’a d’autre but que l’extension de sa surface et cette surface est plus grande, à plissement égal, dans un grand cerveau que dans un petit. Comme il ne s’agit pas ici d’une influence de la stature, — car la stature influe sur le plissement du cerveau comme sur son volume, — on est conduit à rattacher la supériorité du cerveau de Bertillon à quelque supériorité d’ordre psychologique.

Une circonvolution qui travaille beaucoup tend-elle à s’accroître en volume ? C’est là une question importante sur laquelle l’étude de la troisième circonvolution frontale gauche de Gambetta devrait jeter quelque lumière, car cette circonvolution constituait chez notre orateur un véritable organe cérébral professionnel. Or le moulage intracranien de Gambetta présente, au niveau de la partie postérieure de la troisième frontale gauche, une saillie manifeste, une véritable « bosse » qui enchanterait les phrénologistes s’ils n’avaient placé par malechance en cet endroit « l’organe du vol ». Celte saillie est visible sur le contour du moulage intracranien de Gambetta, représenté dans la figure 2 de notre mémoire sur le cerveau de Bertillon. Elle prouve tout au moins que l’organe cérébral professionnel de Gambetta était non seulement très développé quant à sa forme, mais qu’il était aussi três développé en volume relativement aux parties voisines. Cela peut donner à réfléchir aux détracteurs du volume ou du poids cérébral, qui attribuent à ces qualités une certaine grossièreté comparativement à la forme des circonvolutions, comme s’il ne s’agissait pas toujours, au fond, d’une question de quantité. Avec quelques autres circonvolutions aussi développées que la partie postérieure de sa troisième frontale gauche, le cerveau de Gambetta eût atteint un poids supérieur à la moyenne et peut-être égal à celui de Bertillon. Mais l’organe cérébral du langage articulé est une trop minime partie de l’encéphale pour que son poids puisse exercer Une influence notable sur le poids encéphalique total.

Le cerveau de Gambetta et celui de Bertillon viennent d’être comparés à quatre ou cinq points de vue, les seuls auxquels on soit un peu éclairé par les données actuelles de l’anatomie physiologique, et nous avons constaté que, d’après ces données, chacun de ces deux cerveaux possédait certaines qualités et certains défauts. Celui de Bertillon l’emportait quant au poids et à la forme générale : il présentait le type frontal ; celui de Gambetta l’emportait quant au volume du cervelet, du lobe sphénoïdal et du développement de la troisième circonvolution frontale.

Le cerveau de Bertillon ne présente d*autre infériorité saisissable que dans cette région et l’on sait à quelle infériorité physiologique correspondait cette infériorité anatomique. Le cerveau de Gambetta