Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
461
société de psychologie physiologique

était petit et présentait le type pariétal classé comme inférieur morphologiquement par l’anatomie comparative. Le grand volume relatif du cervelet serait dans le même cas, mais si ces caractères d’infériorité morphologique sont désavantageux au point de vue du développement intellectuel proprement dit, ils peuvent constituer certains avantages à d’autres points de vue, de sorte que certaines qualités physiologiques de Gambetta pouvaient être les qualités de ces défauts. On a vu d’autre part que la petitesse du lobe frontal de Gambetta était compensée (comparativement à la moyenne ordinaire) par un plissement remarquable de ce lobe. Quant au développement supérieur du lobe temporal, nous ne savons quelle est sa signification au point de vue physiologique, mais il doit constituer évidemment quelque avantage, quelque qualité, à supposer même que celle-ci présente un envers fâcheux, comme le grand développement relatif du cervelet.

Toutes ces constatations ont leur intérêt, mais elles ne suffisent point, nous tenons à le dire, pour permettre de formuler un jugement scientifique sur la valeur générale absolue ou relative de deux hommes illustres à des titres divers. Supposons, en effet, que la science ait été assez avancée pour que la comparaison précédente eût pu être faite à cinquante points de vue différents au lieu de quatre ou cinq ; il est impossible de dire à combien de ces points de vue l’un des deux cerveaux en question eût été trouvé supérieur à l’autre ou à la moyenne ordinaire. Encore eût-il fallu peser en quelque sorte la valeur de chaque caractère de supériorité ou d’infériorité.

Les constatations précédentes pourraient tout au plus corroborer plus ou moins fortement telle ou telle opinion psychologique favorable ou défavorable conçue d’après les actes de chacun des deux hommes dont il s’agit. Mais des assertions à ce sujet ne sauraient être qu’hypothétiques, puisqu’on ignore à quelles particularités physiologiques correspondent les différences anatomiques observées.

L’intérêt principal de comparaisons isolées du genre des précédentes consiste en ce qu’elles contribuent à donner de la précision aux questions anatomo-psychologiques actuellement étudiables, à guider les investigations et à soulever des questions nouvelles. De telles comparaisons pourraient devenir nombreuses et devenir un excellent moyen d’investigation, si la Société mutuelle d’autopsie acquérait l’extension que tous les amis de la science doivent lui souhaiter. Mais on vient de voir combien il importe d’avoir des renseignements précis et variés sur les personnes dont on veut étudier le cerveau. Aussi terminerai-je ce travail en émettant le vœu que la Société mutuelle d’autopsie distribue à tous ses membres le questionnaire publié récemment par la Société de psychologie physiologique, à défaut d’un autre questionnaire dressé spécialement en vue des recherches cérébro-psychologiques.

L. Manouvrier.