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PAULHAN.l’associationnisme et la synthèse psychique

règle l’application ; la seconde est de savoir si les lois d’association et de contiguïté sont de véritables principes secondaires d’association des phénomènes psychiques et en quels cas ils le sont-il est hors de doute que dans les raisonnements, par exemple, nous joignons des idées qui se ressemblent en quelques points ; la première question à se poser est s’il n’y a que des associations par ressemblance ou contiguïté, ou bien si ces associations sont déterminées par une autre loi qui détermine quelles sont, parmi toutes les associations possibles par ressemblance ou contiguïté, celles qui s’effectueront à un moment donné. La seconde question est de savoir si ces associations de phénomènes semblables s’effectuent à cause de cette ressemblance, ou bien si la loi de finalité ne suffit pas à tout expliquer, et si ce n’est pas à cause de la finalité impliquée en certains cas par la ressemblance que l’association s’effectue. De même pour la contiguïté. En un mot la double question peut se poser ainsi : la loi de systématisation est-elle simplement un cas des lois de ressemblance et de contiguïté, ou les lois de contiguïté et de ressemblance sont-elles un cas de la loi de systématisation ? La troisième hypothèse à faire est qu’aucune de ces lois ne peut se ramener aux autres, ou qu’elle ne s’y ramène que dans certaines circonstances à déterminer.

Pour faire l’analyse complète d’un objet, il faut qu’en recomposant les éléments trouvés, sans en introduire aucun autre, on puisse obtenir réellement ou idéalement l’objet lui-même. Par conséquent la relation des différents éléments entre eux est un élément important d’une analyse, et des différentes formes de ces relations aucune ne doit être négligée, sous peine de n’arriver qu’à un résultat incomplet. L’analyse des formes supérieures de l’esprit faite dans ce sens montre dans les groupements des phénomènes psychiques des éléments irréductibles aux lois ordinaires de l’association.

Prenons un exemple de raisonnement concret. Un chasseur voit un perdreau passer devant lui en volant, à quarante pas. S’il est assez peu habitué à la chasse pour réfléchir et raisonner au lieu de tirer instinctivement, il se dira qu’il doit jeter le coup en avant de l’oiseau et chercher à viser en conséquence. Il y a là évidemment un cas de raisonnement bien net, le chasseur sait que pendant le temps qu’il faut pour presser la détente et faire partir le coup, l’oiseau aura fait un certain chemin, et que par conséquent, s’il visait juste, le coup porterait derrière l’oiseau. On peut voir dans ce fait une application de la loi de similarité. En effet le vol de l’oiseau est assimilé à tous les mouvements que le chasseur a pu observer, et les mêmes propriétés lui sont attribuées ; de même le chasseur a déjà pu tirer