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RICHET.les réflexes psychiques

à une force quelconque qu’elle suppose résider en elle, dépendre d’elle, et qu’elle nomme la volonté.

C’est là assurément une illusion ; mais nous partageons tous cette illusion ; et, quand nous parlons de volonté, nous pouvons dire que les actes appelés par nous volontaires sont seulement des réflexes psychiques très compliqués dont le mécanisme échappe à notre conscience. Nous ne saisissons pas les chaînons intermédiaires, et l’illusion s’impose à nous que c’est la volonté qui a agi : illusion puissante, qu’il est tout à fait inutile de combattre, puisqu’elle semble faire partie intégrante de notre constitution psychique.

Autrement dit, si tous nous n’étions pas plus ou moins amnésiques, c’est-à-dire si la conscience avait présents tous les souvenirs qui existent dans l’intelligence, nous n’aurions pas l’illusion de notre volonté, entité factice due à l’ignorance où est la conscience des causes vraies qui nous déterminent. Nous oublions ; et c’est parce que nous oublions que nous croyons à notre volonté. Celui qui n’aurait rien oublié et qui saisirait d’un coup d’œil toutes les relations des souvenirs antérieurs avec l’excitation actuelle, celui-là se garderait bien de croire à sa volonté, et il trouverait que le mécanisme de ses actes est aussi fatal, quoique bien plus compliqué, que les mécanismes réflexes les plus simples.

Mais l’étude, suffisamment détaillée, de ce grand problème, ne saurait être tentée ici. J’ai seulement voulu montrer comment la volonté, laquelle aboutit le plus souvent à arrêter les réflexes, peut être considérée comme un réflexe psychique d’inhibition.

Théorie ; Conclusions et Résumé.

Les détails dans lesquels nous avons dû entrer à diverses reprises ont peut-être fait perdre de vue l’enchaînement des phénomènes qui commencent par les actes réflexes simples, élémentaires, pour finir aux actions psychiques les plus compliquées, les plus obscures, et en apparence les plus abstraites.

Reprenons donc cet enchaînement ; et dégageons-le de tous les faits de détail, de manière à avoir une vue d’ensemble. Le tout sera assurémement hypothétique en certaines parties, mais il aura cet avantage d’être clair, méthodique, et d’une compréhension facile. Ce sera le lien de la psychologie et de la physiologie, puisque nous partons d’un phénomène physiologique élémentaire (acte réflexe) pour aboutir à un phénomène psychologique complexe (acte volontaire).

L’acte nerveux le plus simple est l’acte réflexe. Une excitation