Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/526

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
516
revue philosophique

même de l’excitant. Eh bien ! dans les réflexes d’acquisition, ce rapport entre l’excitant et l’émotion est plus imprévu encore, puisqu’il dépend des souvenirs acquis par l’animal.

Un chien tremble quand il a peur. Qu’il voie un loup, ou un lion, il tremblera de peur. C’est un réflexe psychique d’organisation héréditaire, et commun à tous les chiens. Mais la vue d’un fouet ne le fera trembler que s’il a, par souvenir, associé l’idée de fouet à l’idée de correction douloureuse. Aussi, parmi les chiens, celui-là seul qui a été fouetté, tremblera de peur à la vue d’un fouet.

Le schéma suivant (figure 5) explique tant bien que mal le phénomène.

[Image à insérer]

Fig. 5.

Parmi les innombrables excitations sensitives S, S′, S′′, S′′′ il n’y a que l’excitation S B qui puisse faire vibrer le centre émotif D, comme si le centre T les absorbait toutes, de manière à ne laisser que l’excitation S B T parvenir au centre D. C’est ainsi que les choses se passeraient depuis le commencement jusqu’à la fin de la vie chez un animal sans mémoire. Mais, chez l’animal doué de mémoire, une relation s’est fortuitement établie entre l’idée B et l’idée B′, de sorte que la sensation S′B′B, va provoquer le même effet que la sensation SB. Une relation accidentelle, une association imprévue individuelle se sera faite entre B′ et B, de sorte qu’alors l’excitation de B′ amènera, comme l’eût fait SB, l’excitation de B et par conséquent la vibration du centre D.

Dans l’exemple du chien fouetté, l’excitation organique provoquée par un châtiment douloureux est SBT, qui fait vibrer les centres D de la peur. À l’état naturel, par suite de son organisation héréditaire, tout SBT fera naître la peur, et rien que SBT. Mais si plu-