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être lui-même tellement discipliné qu’il agisse toujours naturellement, et pour ainsi dire avec la spontanéité de l’inconscience.

Ce livre s’adresse aux parents d’abord. Il s’adresse aussi aux jeunes gens des deux sexes, qui, ayant été initiés à la psychologie, sont curieux d’en connaître les applications.

M. Pérez voudrait même qu’on ajoutât aux programmes des classes de philosophie un petit article pédagogique, comme on y a inscrit un petit paragraphe relatif à la psychologie de l’enfant. Cette nouvelle addition, comme il l’entend, se référerait, dans la morale pratique, à l’éducation considérée de la manière la plus générale. Quoi qu’il en soit, les livres de M. Pérez se trouvent déjà dans toutes les bibliothèques des lycées et des collèges ; les jeunes gens ont loisir d’y puiser, et il y a chance pour qu’ils s’y intéressent d’eux-mêmes, car le maître est vraiment maître, il est aimable, et il sait conduire au but en cueillant les fleurs du chemin.

L. A.

Jastrow. The Dreams of the Blind (Les rêves des aveugles). Extrait de the New Princeton Review. New-York. Armstrong.

Dans cet article, l’auteur a présenté un intéressant résumé de ses recherches sur les aveugles. Après avoir rappelé que l’homme est, avant tout, un animal visuel et que la vision joue un rôle prépondérant dans ses rêves, il note comme résultat général de ses recherches qu’il faut établir d’abord une distinction fondamentale entre ceux qui sont aveugles dès la naissance ou la première enfance et ceux qui ont perdu la vue à une époque plus tardive : ces derniers sont capables de conserver dans leurs rêves des images visuelles.

M. Jastrow a étudié près de 200 personnes dans les Institutions d’aveugles de Philadelphie et de Baltimore. — Dans les cas de cécité totale, il a trouvé ce qui suit : sur 58,32 étaient devenus aveugles avant leur cinquième année ; pas un n’a de rêves visuels. 6 sont devenus aveugles entre cinq et six ans, 4 ont des rêves visuels, 2 n’ont jamais rien vu. Sur 20 qui sont devenus aveugles après leur septième année, tous ont des rêves visuels. On peut donc considérer la période de cinq à sept ans comme étant critique : passé cet âge, le centre de la vision conserve sa fonction. — Heermann, dans un travail publié en 1838, était arrivé à la même conclusion : chez 15 personnes aveugles avant cinq ans, pas un rêve visuel ; 35 personnes aveugles après sept ans avaient toutes des rêves visuels. — Dans les cas de cécité partielle, l’auteur a recherché si la vision en rêve est plus claire qu’à l’état de veille : question à laquelle il était assez difficile d’obtenir des réponses claires. Il croit cependant pouvoir établir que ceux qui ont perdu la vue après leur sixième année ont la vision plus claire en rêve que pendant la veille : ce qui indique qu’à cet âge, le centre visuel a atteint un développement suffisant. Aussi pense-t-il que M. B. Perez a eu raison de considérer l’âge « de