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tisation de l’esprit soit aussi bien établie que possible. Il paraît d’abord que cette importance est grande. En effet, dans un système complet, les rapports des éléments doivent subsister : une machine à vapeur, par exemple, doit toujours utiliser l’eau de la même manière ; de même un organisme, en présence de la même excitation et dans les mêmes circonstances, doit réagir de la même manière. C’est ce qui se vérifie dans les actes réflexes, dans l’habitude et dans l’instinct. Il est très important au point de vue de la conservation de l’individu que ces associations par contiguïté et ressemblance des phénomènes qui composent un des systèmes psychiques de l’homme, se répètent indéfiniment. Quand l’homme a besoin de manger, il est essentiel pour lui qu’il mange, s’il a de quoi manger. Il faut donc que des situations semblables amènent des actes semblables en présence d’excitations semblables. De pareils actes se composant d’un certain nombre de phénomènes synthétisés, on peut trouver dans leur accomplissement une application des lois de similarité et de contiguïté. Si par exemple, chez un vautour qui a faim, la vue d’un oiseau rappelle des souvenirs semblables et éveille la série des états psychiques qui se terminent par les actions nécessaires à la prise de l’oiseau, il est facile de voir que l’action de la contiguïté et de la similarité est indispensable à la vie de l’oiseau de proie. Est-ce parce qu’elle est indispensable qu’elle se produit ? Voilà la question.

D’abord, il n’est peut-être pas inutile de préciser la question et de bien voir ce qu’il faut entendre par l’influence de la contiguïté et de la ressemblance. Je suppose que je mette aujourd’hui une pierre dans l’eau, elle s’y enfoncera ; si je recommence demain, le résultat sera le même. Il ne faudra pas voir là dedans, et je crois que la pensée n’en viendrait à personne, un effet d’une association par contiguïté et ressemblance. Si les mêmes actes ont eu des conséquences analogues, si l’eau en recevant la pierre l’a laissée pénétrer en elle et se déposer au fond, et a été agitée à sa surface de manière à faire rayonner à partir du point de chute une série de cercles concentriques, il ne faut pas en conclure qu’il y a là un effet de contiguïté et que l’eau a associé les divers mouvements qui s’étaient produits une première fois et les a reproduits dans le même ordre, mais il est bien évident au contraire qu’il y a simplement un effet identique amené par des causes permanentes identiques, une application de la loi universelle du déterminisme scientifique, qui s’applique à tous les phénomènes et ne peut en caractériser aucun. C’est dans les propriétés physiques de l’eau et de la pierre qu’il faut chercher la raison des phénomènes, dans leur pesanteur spécifique.

De même, si l’on met un morceau de savon dans la main d’une