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diverses idées, mais chaque fois ces idées et ces images forment un système bien caractérisé. Seulement tous ces systèmes au lieu de se réunir entre eux et de se combiner dans un système supérieur qui les coordonne restent à ce point de vue incohérents. Nous avons donc dans ce fait : 1o une association systématique formée par le groupe d’images qui vient se coordonner autour de la patrie persistante du mot ; 2o une association non systématisée de ces différents groupes. La première partie rentre évidemment dans notre loi ; nous devons examiner la seconde plus longuement.

D’abord la ressemblance en pareil cas n’est pas une explication ; pourquoi pèlerinage a-t-il rappelé Pelletier et pelle plutôt que d’autres mots comme pèlerine, pêle-mêle, etc. ? La ressemblance évidemment ne peut suffire à donner une explication suffisante. Dans la plupart des cas aucune explication ne peut être donnée d’une manière bien positive ; dans certains cas, au contraire, comme nous l’avons vu, les associations sont déterminées par une habitude mentale, par des préoccupations, etc. ; c’est-à-dire que nous retrouverons ici sous une autre forme notre loi de systématisation, car étant donné qu’un certain élément persiste dans l’esprit, les états de conscience qui se réveillent sont précisément ceux qui dans chaque individu ont le plus de facilité pour former avec lui un système. Tous les cas où des phénomènes quelconques ramènent par association de ressemblance un individu quelconque, fou ou raisonnable, à l’objet de ses préoccupations habituelles, se rattachent donc à notre loi, et la ressemblance ne paraît pas jouer un rôle actif en ce cas : une préoccupation habituelle, en effet, est une systématisation forte d’un certain nombre d’éléments mentaux.

En bien des cas, on peut retrouver ainsi les causes efficientes des associations et le rôle que joue la loi de systématisation. C’est à cette loi qu’il faut ramener les principaux effets de sélection qui s’accomplissent dans le monde psychique. Ces effets dans un organisme sont dus à la nature propre de cet organisme, à sa finalité interne, aux associations dynamiques systématisées qui le constituent. Mais il arrive quelquefois que les causes précises du phénomène ne peuvent être rigoureusement déterminées. L’analogie nous autorise à croire jusqu’à un certain point que ces causes inconnues sont de la même nature que celles que nous pouvons reconnaître, et nous n’avons pas de raisons de croire qu’elles se ramènent à d’autres lois ; en tout cas, ni la synthèse, ni l’analyse ne nous conduisent à l’association par ressemblance, puisque la ressemblance ne les caractérise pas particulièrement.

Ainsi, les éléments psychiques, les phénomènes élémentaires rela-