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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

de notre temps[1]. Cette leçon est d’une facture à la fois sobre et solide ; l’auteur expose avec beaucoup de netteté les raisons qu’il y a de faire place désormais dans les cadres universitaires à l’histoire des religions. Il est fort intéressant de voir ici l’enseignement catholique se mettre à la tête du mouvement qui avait eu son origine dans la Hollande protestante. En Allemagne, en effet, on ne saurait dire que l’enseignement de l’histoire religieuse soit négligé ; mais on ne la traite généralement que comme une dépendance de la philologie ou de la philosophie religieuse. C’est le professeur de sanscrit qui enseignera les religions de l’Inde, l’helléniste qui traitera de la religion grecque, le sinologue des religions de la Chine, etc. M. Hardy établit par des considérations décisives que le moment est venu d’embrasser l’ensemble des résultats de l’histoire religieuse dans une même étude, de le constituer à part, indépendamment des chaires où l’on se propose avant tout l’étude des langues ou la spéculation philosophique. Il veut en écarter toute préoccupation polémique ou apologétique. Les questions de méthode sont abordées ici dans un excellent esprit ; tout au plus aurions-nous à marquer une légère réserve sur la confiance de M. Hardy dans les vertus de la « méthode comparative ». La comparaison en matière d’histoire des religions a rendu de grands services, mais il faut également faire peser sur elle la responsabilité de graves erreurs. La comparaison ne devient réellement féconde que lorsqu’elle s’applique à des faits et à des documents solidement établis ; c’est un point qu’il est essentiel de ne pas perdre de vue[2].

Par une chance vraiment singulière, dans la même ville de Fribourg-en-Brisgau où M. Hardy introduit l’enseignement de l’histoire des religions devant un auditoire catholique, une importante maison de librairie a entrepris la publication d’une collection de manuels théologiques » écrits au point de vue protestant et, par une innovation très louable, fait figurer dans cette série un Manuel de l’histoire des religions. La rédaction en a été confiée à un théologien hollandais de mérite, M. Chautepie de la Saussaye, professeur d’histoire des religions à l’université d’Amsterdam[3]. Jusqu’à présent l’Allemagne ne possédait en ce genre d’études qu’une traduction allemande du précis d’un autre savant hollandais, M. Tiele, de Leyde, dont nous avons nous-même publié la traduction française, précis qui reste remarquable par sa forte concision, quelques réserves que nous ayons dû faire sur quelques points de méthode et de doctrine.

M. Chantepie a adopté la disposition suivante des matières : Partie générale, — Partie phénoménologique, — Partie ethnographique, — Partie historique. Dans la partie dite « générale », il traite des prolégomènes

  1. In-8o, 39 pages.
  2. M. Hardy annonce la publication prochaine d’an Précis de la science générale et comparative des religions (en allemand.
  3. Vol. Ier, in-8o, x et 465 pages.