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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/665

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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

d’une douloureuse évolution. — La contribution nouvelle de M. Sabatier est de nature à éclairer les origines d’un des points du dogme qui ont provoqué les plus vives discussions. J’ai à peine besoin de dire que l’auteur de l’Origine du péché ne mêle à ses recherches aucune préoccupation polémique. C’est en historien sincère, c’est en exégète scrupuleux qu’il procède, jaloux de nous rendre sous sa forme la plus authentique la pensée de celui qu’on peut appeler le père de la théologie chrétienne.

Le Christianisme, sa valeur morale et sociale, de M. Constant Blondeaux[1], est un lourd et gros volume. L’auteur veut combattre le christianisme par la science ; malheureusement « la situation que le christianisme a donnée aux faits et aux intelligences est si variée, si complexe, les questions se présentent si confuses, si enchevêtrées, qu’on ne peut l’apprécier par un seul ordre de considérations et que, dans cet examen, il est impossible de mettre un ordre chronologique ou logique ». On s’en aperçoit, en effet, au premier coup d’œil jeté sur l’indigeste compilation de M. Blondeaux[2].

Dans les dernières lignes de cette Revue nous mentionnerons une intéressante étude de M. Samuel Berger, secrétaire et bibliothécaire de la faculté de théologie protestante de Paris, sur l’Histoire de la Vulgate en France[3]. L’auteur s’est voué depuis quelques années, avec autant de science que de modestie, à l’histoire de la Bible dans notre pays, et je vois, pour ma part, avec un grand plaisir la signature d’un protestant au bas d’une étude consacrée à la principale des versions latines de la Bible, à cette Vulgate, objet trop souvent d’une polémique inintelligente. « Quand nous étudions la Bible en langue vulgaire, dit M. Berger, ce sont les origines de notre langue qui nous occupent, nous nous intéressons aux efforts, hélas infructueux, de beaucoup de gens pieux pour faire connaître au peuple la Bible dans sa langue. Quand la Vulgate retient notre attention, le magnifique langage de saint Jérôme charme nos oreilles, et ce monument séculaire nous inspire un respect vraiment religieux. Mais, ce qui fait particulièrement l’attrait de cette étude, c’est que les controverses ne peuvent s’y mêler et

  1. In-8o, VII et 455 pages.
  2. Nous nous bornerons à mentionner brièvement en note quelques productions de moindre étendue : le Problème de l’éducation religieuse (en italien), par R. d’Alfonso ; — Dieu d’après la philosophie chrétienne (en italien), par B. Labanca, fragment des études plus considérables entreprises par ce savant ; — l’Idée religieuse chez les hommes d’État du réveil (en italien également), dû à la plume élégante de M. G. Barzellotti ; — le Catholicisme et le Protestantisme par rapport au libéralisme, par le comte Adolphe de Hompesch, catholique converti au protestantisme et qui s’attaque assez vivement, soit aux usages, soit aux prétentions politiques de son ancien culte, qu’il déclare incompatible avec les aspirations libérales du monde moderne ; — la Signification de la vraie religion (en allemand), par le Dr Paul Carus, brochure publiée aux États-Unis. Enfin on a bien voulu nous adresser plusieurs numéros du Lotus, revue des hautes études théosophiques, qui se publie à Paris depuis le commencement de l’année dernière.
  3. In-8o, dans le compte rendu de la séance de rentrée des cours, p. 15 à 30.