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et que nous y trouvons le calme des études historiques en même temps que l’intérêt qui s’attache aux sciences religieuses. Notre travail nous mène, de bibliothèque en bibliothèque, à la poursuite des anciens manuscrits ; dans toute l’Europe, nous rencontrons des confrères en étude et souvent de véritables amis, dont nous devons la connaissance à un amour commun pour la Bible, et c’est un beau pèlerinage que celui qui nous mène en tous lieux à la recherche de la Bible, et nous met en relation à la fois avec les hommes du passé et avec les savants du présent ».

Nous signalons avec plaisir ces recherches entreprises dans l’esprit le plus libéral et avec les principes de la science la plus exigeante. Ce que nous disions un peu plus haut de l’intérêt qui doit s’attacher à la constitution du texte hébreu, nous le pensons également des travaux destinés à établir les destinées de la version de saint Jérôme. Il y a encore beaucoup à faire à cet égard et nous nous applaudissons de voir les recherches de cet ordre reprendre faveur. Nous nous associons de toutes nos forces au vœu formulé par M. Berger à la fin de son mémoire : l’établissement d’une édition vraiment correcte et satisfaisante de la Bible latine. Il résulte de sa patiente enquête que « la tradition des erreurs et des mauvaises leçons », qui s’étaient glissées de bonne heure dans la Vulgate, triompha au ixe siècle des efforts tentés par Charlemagne pour amender le texte, et qu’au xvie siècle encore elle l’emporta sur les exigences et les réclamations des savants et des érudits. Depuis 1592 jusqu’à nos jours, dit M. Berger, on a à peine tenté de faire revivre le véritable texte de la Bible latine, et la Vulgate est encore aujourd’hui le livre le plus mal publié comme le moins connu de la littérature latine. Il n’en sera plus longtemps ainsi, je l’espère, et la science française aura sa part dans ce travail. Elle ne pouvait pas rester étrangère à une étude qui nous occupe à la fois de la Bible et de l’histoire littéraire de notre pays et dans laquelle nous rencontrons sans cesse, à la place d’honneur qui lui appartient, le nom de l’Université de Paris. »

On ne saurait exprimer en meilleurs termes un desideratum de pareille importance. Mais pourquoi M. Berger lui-même n’entreprend-il pas cette haute et difficile tâche, soit seul, soit à l’aide de collaborateurs que lui fourniraient nos établissements parisiens d’érudition ? Il y a beaucoup à faire pour la restitution des grands monuments de l’histoire religieuse ; il est bon de leur faire leur place dans le renouveau des études classiques.

Maurice Vernes.