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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Georges Monchamp (l’abbé). Le Cartésianisme en Belgique.

J’ai fait, il y a quelques mois, à l’Académie des sciences morales et politiques un rapport louangeur, mais très court, sur le Cartésianisme en Belgique de M. l’abbé Monchamp. L’ouvrage est digne qu’on en parle avec un peu plus d’étendue dans la Revue philosophique. C’est une histoire, en un gros et savant volume, de la philosophie de Descartes dans les Pays-Bas espagnols, de ses adversaires, de ses disciples, des luttes qu’elle eut à soutenir, depuis le milieu du xviie siècle jusqu’à la fin du xviiie. Tel fut tout d’abord le succès de la philosophie nouvelle en Hollande qu’il excitait l’admiration et l’envie des cartésiens de France. « Ce que j’estime, dit Clerselier, être si glorieux à cette province que je lui envierais quasi cet honneur comme un bien qui devrait nous appartenir. » Toutefois il ajoute : « Mais j’estime en quel que façon raisonnable que ceux-là jouissent les premiers des fruits de son labeur qui ont le plus contribué à son repos et à son loisir et que cette terre porte les premiers fruits d’une semence qui n’a pas seulement été jetée, mais même conçue dans son sein. » Ces paroles de Clerselier peuvent s’appliquer aussi bien à la Belgique qu’à la Hollande, comme le prouve le livre de l’abbé Monchamp. Nous savions bien quelque chose de la révolution philosophique opérée en Belgique par Descartes, mais, somme toute, le cartésianisme belge nous était moins connu que le cartésianisme hollandais. L’auteur de cette histoire, qui est sur les lieux, qui est Belge et professeur de philosophie au séminaire de Saint-Trond, a fouillé avec un zèle intelligent les bibliothèques et les archives des couvents et des universités de son pays, et il a pu heureusement compléter ce qui en France ne nous était encore qu’imparfaitement connu.

Je louerai d’abord son attachement aux principes de Descartes, sauf certaines réserves auxquelles, comme théologien, il se croit obligé ; je le louerai même d’autant mieux que cet attachement ne l’empêche pas de rendre justice au talent, au savoir, à la dialectique et au caractère de quelques-uns de ses adversaires que les amis et les disciples du maître nous ont parfois présentés sous des couleurs trop défavorables. Une des principales réserves de l’abbé Monchamp est relative à l’étendue essentielle dont il s’alarme, comme la plupart des théologiens