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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/467

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e. de roberty. — de la théorie de la connaissance

Ainsi le « moi » pourrait se définir la synthèse finale des « raccourcis symboliques », des abréviations micrographiques du « non-moi ». Ce symbolisme créerait la matière même du moi et le remplirait entièrement. Le sentiment de l’unité personnelle s’accroîtrait et se fortifierait en raison directe du perfectionnement apporté par une longue habitude aux diverses combinaisons dont se montrent susceptibles les signes de cette écriture à la fois micro et sténographique. Au contraire, le dédoublement et la pluralité du moi ne tarderaient pas à se produire chaque fois que les abréviations symboliques du « non-moi » resteraient éparpillées ou insuffisamment liées entre elles. La micrographie du cosmos se troublerait alors de plus en plus et deviendrait parfois absolument illisible.

Mais si le « moi » ne sert qu’à concentrer ou à condenser, pour ainsi dire, le « non-moi » qu’il représente d’une façon plus ou moins durable et efficace, l’idéaliste conséquent, le philosophe qui voit dans le monde extérieur un simple produit de l’esprit commet assurément une erreur sans rémission. Il prend les signes, et le plus souvent même les signes des signes, les caractères hiératiques de la raison, pour les choses et les relations que ces formules abstraites expriment et symbolisent.

En réalité, nulle science ne se préoccupe sérieusement du « sujet », sinon pour corriger certaines erreurs qui pourraient se glisser de ce chef dans la connaissance de l’ « objet » ; nulle science, excepté celle, toutefois, qui étudie l’appareil micrographique lui-même et sa fonction spéciale. Mais, en revanche, pour la psychologie, si souvent confondue avec la philosophie, l’analyse du « moi » offre la plus haute importance. Le ce sujet » et ses conditions remplissent ici presque entièrement l’angle visuel de l’observateur ; et le terme d’idéalisme qui, par malheur, ne s’emploie jamais en un tel sens, conviendrait fort bien à cet état mental.

On obtient les mêmes conclusions par les voies de la logique pure.

En effet si, logiquement parlant, le « moi » et le « non-moi » apparaissent comme deux espèces distinctes du même genre « être » ou « existence », et si, par suite, les caractères particuliers du « sujet » diffèrent des caractères spécifiques de l’ « objet », leurs caractères

    pour faire surgir des sentiments irraisonnés (antipathies et sympathies invincibles, etc.), ou pour produire des mouvements de toutes sortes (phénomènes attribues à l’attention expectante, spiritisme, suggestion, etc.). À un moment donné, les éléments conscients de l’esprit aperçoivent le travail accompli par l’inconscient et s’emparent de ses résultats. Des problèmes scientifiques et esthétiques se résolvent parfois de cette façon, et les problèmes mnémoniques très ordinairement.