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le prouve d’abondance. « L’absence de centralisation des processus psychiques, l’absence de différenciation d’un organoïde, siège des processus psychiques, l’autonomie psychique de chaque fragment de protoplasma, voilà, dit Max Verworn, un argument qui seul, suffirait déjà pour ruiner l’hypothèse des phénomènes de conscience chez les Protozoaires. »

Ainsi, des processus inconscients de connaissance avec des réactions motrices également inconscientes, voilà ce qu’on découvre aux origines lointaines de l’entendement humain. Et il en est encore ainsi pour l’organisme unicellulaire d’où sortent les Métazoaires et l’homme. En tout cas, c’est le résultat le plus clair qui se dégage des observations et des expériences sur les propriétés du protoplasma vivant, étudié jusqu’en ses moindres particules chez les Protozoaires et chez les Protophytes. Mais il deviendra possible de pousser plus loin cette analyse des propriétés psychiques de la matière vivante, car elles n’ont d’autres limites, si tant est qu’elles en aient, que celles de la vie. J’estime, en effet, avec Paul Bert, que les processus psychiques les plus élémentaires devront être étudiés dans les processus moléculaires des particules du protoplasma. En d’autres termes, c’est dans les propriétés des micelles et des molécules, constituant les particules du protoplasma, que l’on découvrira les conditions les plus lointaines, au moins dans l’état actuel du monde, des processus psychiques dont nous avons conscience.

Mais, dès maintenant, on a le droit d’inférer l’existence, je ne dis pas d’une correspondance, d’un rapport, mais d’une identité absolue entre chaque processus psychique élémentaire et chaque processus moléculaire, c’est-à-dire entre chaque changement d’un état psychique et d’un état moléculaire d’une substance organisée quelconque. Et, par matière organisée, il faut entendre, nous le répétons, une matière dont les arrangements moléculaires sont seulement plus complexes et moins stables que ceux de la matière dite inorganique. Bref, tous les processus psychiques sont des phénomènes réductibles à des phénomènes de mécanique moléculaire.

Jules Soury.