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REVUE POUR LES FRANÇAIS

mée. L’alliance française cependant eut un résultat : elle hâta la paix. L’Angleterre aurait pu continuer à guerroyer, sans espoir de vaincre, mais pour achever de ruiner son adversaire. La France lui força la main en même temps qu’elle donnait à la nouvelle république une façade sur l’Europe[1].

Ainsi sembla se fermer cette longue période de souffrances et de combats mais les Américains n’étaient pas au bout du labeur. Un dernier effort leur restait à accomplir qu’ils n’avaient pas aperçu tout d’abord. Après tant d’héroïsme et de constance dépensés, ils eurent l’amertume de constater que le problème national n’était pas résolu, que sa solution même semblait avoir reculé, qu’en un mot les États-Unis n’étaient pas encore unis.


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LA VALEUR MORALE DU FOOT-BALL



Le temps n’est pas encore bien loin où l’un des grands journaux de Paris, annonçant un match de foot-ball, donnait à ses lecteurs cette explication savoureuse : Le foot-ball est un jeu anglais qui se joue avec des raquettes de bois et de petites balles très dures. Le public accepta l’explication sans murmurer à cause de sa parfaite indifférence pour ce jeu et ceux qui s’y livraient. Dès alors, pourtant, il existait des parents passionnés lesquels assistaient, joyeux, aux exploits de leurs garçons et ne s’inquiétaient pas des

  1. Les Pays-Bas furent la seconde puissance européenne qui reconnut les États-Unis. Ils le firent de mauvaise grâce et l’histoire des tribulations par lesquelles dut passer l’envoyé américain John Adams pour être admis à présenter ses lettres de créance montre combien l’appui de la diplomatie française fut utile aux États Unis. La paix, au moment de se conclure, faillit être compromise par les intrigues des deux commissaires américains chargés de la négocier, Jay et Adams. Jay était, comme beaucoup de ses compatriotes, un francophobe car il est avéré que, quelques individualités mises à part, la France n’était pas alors sympathique aux États-Unis ; pendant toute cette période, beaucoup d’Américains marquèrent à leurs alliés de la froideur et de l’ingratitude. Jay voulait traiter directement avec l’Angleterre contrairement aux stipulations de l’alliance franco-américaine. Vergennes manqua sans doute d’habileté en laissant voir le but peu désintéressé qu’il poursuivait ; mais sa conduite n’autorisait pas Jay à trahir la signature de sa patrie.