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LE TUNNEL SOUS LA MANCHE

ses ; les autres servirent de modèles lorsqu’on s’avisa de nouveau des mesures à prendre pour renforcer l’institution militaire et la préserver des gaspillages dispendieux et des défectuosités affaiblissantes.


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LE TUNNEL SOUS LA MANCHE



La question de la construction éventuelle du « tunnel sous la Manche » a déjà fait couler des flots d’encre et les journaux anglais voient chaque jour leurs colonnes encombrées par les discours des partisans et des adversaires du projet, ceux-ci, déclarons-le sans plus tarder, beaucoup plus nombreux et plus passionnés que ceux-là.

Les prévisions des compagnies directement intéressées à la construction du tunnel sont les suivantes : dépense de 400 millions de francs, chaque compagnie — l’une française, l’autre anglaise — concourant pour la moitié de cette somme et poussant ses propres travaux jusqu’à mi-distance en mer où s’opérerait le raccordement ; construction de deux tunnels parallèles dont l’achèvement demanderait dix ans au maximum ; propulsion électrique des trains devant permettre d’effectuer en trente-cinq minutes le trajet de Sangatte à Douvres.

On peut classer en trois catégories, les arguments soulevés par les adversaires du tunnel ; ils sont militaires, économiques et sentimentaux.

Un motif principal de l’opposition au projet s’appuie sur la crainte d’une invasion militaire. Certains Anglais tremblent à la pensée que la France — ou l’Allemagne si elle était jamais maîtresse du littoral nord de la France — pourra déverser au travers de ces deux tunnels de nombreux corps d’armée sur Douvres. Le feld marshall Wolseley soutient énergiquement cette hypothèse et assure au public d’outre-Manche qu’une invasion de ce genre lui paraît plus redoutable encore et plus aisée à notre époque qu’elle ne l’était en 1890 lorsque le parlement anglais, par 250 voix contre