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Page:Rey - Les mathématiques en Grèce au milieu du Vème siècle, 1935.djvu/9

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au milieu du Ve siècle

de l’histoire de la pensée humaine, voilà donc le premier et le considérable intérêt que présente l’histoire des sciences et sa contribution, à nulle autre seconde, pour la connaissance de l’homme et la détermination de son savoir.

II

Il y a plus. Cette représentation du monde est intéressante à suivre dans sa courbe, ses rebroussements, ses reprises, pour elle-même, sans songer à ses répercussions sur la marche des civilisations. Il serait prodigieusement intéressant de noter, même si cela n’était point utile par ailleurs, comment nous arrivons à quelques connaissances sur l’Univers, sur nous-mêmes et notre place dans cet Univers, comment et pourquoi ces connaissances se sont succédées, modifiées et finalement accrues. Car, si le progrès a pu être contesté dans tant de domaines où l’on a, depuis la Renaissance, essayé de le faire pénétrer, il est le moins contestable et dans les sciences et dans leurs applications matérielles et techniques (fonctions réciproques les unes des autres). Cette histoire, par elle-même, sans autre conséquence, est bien aussi intéressante et aussi importante que celle des révolutions de palais du bas Empire[1].

Peut être pourrait-on objecter ici qu’elle est d’une érudition un peu vaine. Ce qui nous intéresse à ce dernier point de vue, n’est-ce pas notre savoir actuel qui s’est substitué à tout ce qui l’avait précédé ? Mais, pédagogiquement, comme humainement parlant, je ne crains pas là-dessus le démenti des maîtres-savants de notre époque, le savoir actuel n’est assimilable et vraiment compréhensible que s’il se présente comme l’aboutissant d’une histoire où beaucoup de faits sont tombés, comme dans toutes les histoires, et heureusement pour la capacité de notre esprit, mais où il n’en est que plus important de mettre en relief ceux qui doivent subsister, qui vraiment ont subsisté. Et ils sont déjà assez nombreux et assez bien reliés entre eux, pour constituer,

  1. L’ambition de Renan, avoue-t-il en 1891 à la Fête de Bréhat, eût été de composer une histoire de la science « racontant la manière dont l’homme est arrivé à savoir un peu comment le monde est fait ».