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LES CORPS CONSULTATIFS[1]



Nous nous sommes occupés dans les deux derniers chapitres tour à tour de deux des parties de la structure politique triple et une primitive, ou, pour parler plus exactement, nous avons étudié la première indépendamment de la seconde et ensuite la seconde indépendamment de la première, en nous bornant à noter incidemment ses rapports avec la troisième. Nous allons maintenant nous occuper des deux ensemble. Au lieu de rechercher comment d’un chef, d’abord peu élevé au-dessus du reste du peuple, est sorti par évolution, dans certaines conditions, un souverain absolu, qui subordonne entièrement à son autorité et le petit nombre des supérieurs et la multitude ; au lieu d’étudier comment, dans d’autres conditions, l’élite peu nombreuse devient une oligarchie qui ne tolère aucun maître suprême et maintient la multitude sous le joug, nous allons examiner les cas où s’établit la coopération entre le chef et l’élite.

Après que l’institution du chef s’est établie, le chef ne laisse pas pour cela d’avoir beaucoup de motifs pour agir de concert avec les principaux du peuple. Il est nécessaire qu’il se les concilie, qu’il prenne leur avis et s’assure leur concours volontaire ; enfin, dans les questions sérieuses, il peut avoir à désirer de partager la responsabilité avec eux. De là l’autorité d’une assemblée consultative. Aux Mes Samoa, « le chef du village et les chefs des familles formaient, et forment encore, le corps législatif de l’endroit. » Chez les Foulahs, « avant de rien entreprendre d’important ou de déclarer la guerre, le roi (de Rabbah) est obligé de convoquer le conseil des Mallams et les principaux du peuple. » Chez les Mandingues, « dans toutes les affaires importantes le roi appelle une assemblée des principaux, ou anciens, d’après les conseils desquels il se dirige. » On pourrait en multiplier les exemples indéfiniment.

Pour comprendre pleinement la nature essentielle de cette institution, et pour voir comment, en se développant, elle prend les carac-

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.