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composé de chefs secondaires, ou de chefs de clans, ou de seigneurs féodaux, dans la personne desquels s’unit d’ordinaire le gouvernement civil et militaire des groupés locaux avec la possession de territoires étendus ; et les faits montrent souvent cette composition su une grande où une petite échelle, tant pour les conseils locaux que pour les conseils généraux. On voit en Afrique une forme grossière et primitive dé cette disposition. Chez les Cafres, « chaque chef choisit, parmi ses sujets les plus riches, cinq ou six conseillers ; le grand conseil du roi se compose des chefs des divers kraals. » Une tribu béchuana « comprend en général un certain nombre de villes ou villages, qui ont chacun son chef distinct, auxquels obéissent un certain nombre de chefs secondaires, » qui « reconnaissent tous la suprématie du chef principal. Son pouvoir, encore que très grand et dans certains cas despotique, subit néanmoins le contrôle des chefs secondaires, qui dans leurs pitchos, parlements où réunions publiques, usent de la plus grande liberté de parole pour exposer leurs griefs contre le gouvernement du chef. » Burton nous apprend que le sultan des Ouanyamouésis « a auprès de lui conseil de chefs ou d’anciens dont le nombre varie de deux à vingt… Son autorité est limitée par une balance de pouvoir rudimentaire ; les chefs qui l’entourent peuvent probablement mener au combat autant de guerriers que lui. » De même chez les Achantis. « Les cabeceres et les capitaines veulent être entendus sur toutes les questions qui se rapportent à la guerre et à la politique étrangère. On examine ces questions dans une assemblée générale : et le roi trouve quelquefois prudent dé céder aux vues et aux représentations pressantes de la majorité. » On peut aussi citer des faits tirés dé l’histoire des anciens États américains. Au Mexique, « il y avait des assemblées générales présidées par le roi tous les quatre-vingts jours. On se rendait à ses réunions de toutes les parties des pays. » Nous savons en outre que les nobles du premier rang, les Teuctlis, prenaient le pas sur tous les autres dans le Sénat, tant pour l’ordre de séance que pour le voie : ce qui montre er quoi consistait la composition du sénat. Il en était aussi de même pour les naturels de l’Amérique centrale de Vera Paz : « Quoique l’autorité suprême fût chez eux exercée par un roi, il avait pour coadjuteurs des seigneurs inférieurs à lui, qui portaient pour la plupart le titre de seigneurs-et de vassaux ; ils formaient le conseil royal… et se rendaient auprès du roi dans son palais aussi souvent qu’ils étaient appelés. » En Europe, nous devons citer d’abord l’ancienne Pologne. Originellement formée de tribus indépendantes, « chacune gouvernée par son propre knias, ou jugé, que son âge ou sa sagesse bien connue avait élevé à cette dignité, »