armés, vivant près du lieu de l’assemblée, s’y rendent, vient une période durant laquelle ceux-ci mêmes, n’étant pas convoqués, sont censés n’avoir aucun droit de prendre place dans l’assemblée ; par là le corps consultatif se trouve complètement différencié.
Les changements dans la puissance relative du souverain et du corps consultatif sont l’effet de causes visibles. Si le roi conserve ou acquiert la renommée de posséder une origine ou une autorité surnaturelle, et si la loi de la succession héréditaire est fixée de façon à exclure l’élection, les hommes qui auraient ailleurs composé le corps consultatif, possédant une puissance coordonnée à celle du roi, deviennent de simples conseillers nommés par lui. Mais si le roi n’a pas le prestige d’une origine sacrée ou d’une commission reçue des dieux, et qu’il demeure électif, le corps consultatif conserve la puissance, et peut devenir une oligarchie.
Naturellement, je n’entends pas dire que les corps consultatifs ont traversé cette voie ou se sont constitués d’une façon analogue. Il se peut que des sociétés brisées par la guerre ou dissoutes par des révolutions conservent de si faibles traces de leur organisation primitive qu’il n’y reste aucune classe du genre de celles du sein desquelles naissent les corps consultatifs que nous avons décrits. Ou bien, comme on le voit dans les colonies anglaises, il a pu se former des sociétés d’après des méthodes qui ne favorisaient pas la formation de classes de chefs militaires possesseurs du sol, et qui par conséquent ne fournissent pas les éléments dont se compose le corps consultatif dans sa forme primitive. Quand ces conditions se produisent, les assemblées qui y répondent autant que possible par la composition et la fonction se forment sous l’influence de la tradition et de l’exemple ; à défaut d’hommes comme ceux du genre originel, elles se forment avec d’autres hommes, mais en général avec ceux qui, par leur position, leur âge, leur expérience des affaires publiques, s’élèvent au-dessus de ceux qui composent les assemblées populaires. La description que nous avons tracée ne s’applique qu’à ce que nous pouvons appeler le corps consultatif normal, qui se développe durant l’opération de composition et de recomposition que la guerre effectue ; et les sénats, ou chambres hautes, qui naissent dans des conditions plus modernes et plus complexes, peuvent passer pour les homologues de ces corps consultatifs par la fonction et la composition, autant que les nouvelles conditions le permettent.
