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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


A. de Roberty. La sociologie. Paris, Germer Baillière. 1881. (Bibliothèque scientifique internationale.)

On ne conteste plus guère à la sociologie le droit de prendre rang dans l’ensemble des connaissances humaines toutefois il serait prématuré de dire qu’elle est aujourd’hui constituée, et les nombreux travaux parus en divers pays permettent seulement d’espérer que le moment est proche où elle sortira de la période de tâtonnements et d’essais. Aussi tout ouvrage qui traite des conditions de cette science nouvelle vient-il à propos. M. de Roberty ne s’est pas proposé d’augmenter la somme des observations et des faits déjà recueillis, moins encore de les mettre en œuvre et d’en tirer des lois son but est de déterminer la méthode, le caractère et la place de la sociologie parmi les sciences. Ce n’est pas une ébauche de la science qu’il nous offre, c’est une étude en quelque sorte extérieure et préliminaire, ce sont les prolégomènes à une sociologie future. L’ouvrage est d’un esprit vigoureux et sincère, très au courant de toutes les sciences, habile à la discussion, et très curieux de tout ce qui touche de près, et surtout de loin, à son sujet. En philosophie, où tant de questions s’entrecroisent, il faudrait s’imposer un ordre précis et suivre rigoureusement une route sans céder au désir de tout explorer. On risque autrement de n’être pas suivi. Nous aurions mauvaise grâce à reprocher à un étranger certaine complication de style et un abus des métaphores qui rendent parfois la pensée difficile à saisir et à résumer.

Dans un avant-propos, M. de Roberty nous indique l’esprit général dans lequel il a conçu son ouvrage et déclare se rattacher à la philosophie positive. C’est d’ailleurs une profession de foi sur laquelle il reviendra souvent, car il semble, au milieu des recherches les plus diverses, obsédé par le souci de défendre son maître. L’hypothèse, prise au sens de supposition immédiatement invérifiable, doit être, nous dit-il, rigoureusement exclue de la philosophie, qui est une méthode pour arriver à une conception d’ensemble de tous les phénomènes connus, plus encore que cette conception même. Dans la science particulière, une très large part lui sera faite pour découvrir les rapports cachés des phénomènes. Entre les sciences particulières et la généralisation de leurs résultats se place un intermédiaire encore