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ANALYSES. — WILLIAM WALLACE. Epicureanism.

Il n’est que juste en terminant de rendre hommage à l’entière compétence de l’auteur et à l’étendue de ses connaissances. Si l’ouvrage n’est pas de ceux qui donneront à la sociologie une impulsion décisive, il n’en doit pas moins être consulté par tous les amis de cette science récente. Préparé comme l’est M. de Roberty par ses travaux critiques et ses réflexions personnelles, il nous donne le droit d’attendre de lui des vues plus nouvelles, plus originales et plus fécondes pour la science, quelque étude de sociologie proprement dite qui soit à la fois une application et un exemple. Il y aura, nous en sommes certains, intérêt et profil pour tous ; nous l’attendons.

Edmond Colsenet.



William Wallace. The epicureanism, London : Society for promoting christian knowledge, 1880, 1 vol. in-12, 270 pages.

Cet ouvrage, écrit avec beaucoup de clarté et d’élégance, est un exposé aussi complet qui fidèle de la doctrine épicurienne. Le goût et l’érudition en sont les traits distinctifs. Il est peu de questions relatives à l’histoire et à la théorie qui ne soient abordées et discutées : on n’y cherchera pas des vues originales et profondes, car la doctrine épicurienne est avant tout populaire, et l’auteur, tout en s’attachant à laisser en toute circonstance une assez large place à la critique, a pour but principal de faire connaître le système qu’il expose sous tous ses aspects plutôt que de développer des vues personnelles. C’est avant tout une monographie, écrite avec une érudition sûre d’elle-même et un goût judicieux ; la forme ne laisse pas plus à désirer que le fond.

Cependant, avant d’en aborder l’analyse, l’auteur nous permettra de lui soumettre un scrupule. Pourquoi ne commence-t-il pas son exposition par la psychologie épicurienne ? On sait que l’analyse des sentiments doit beaucoup à l’école d’Épicure ; les subtils développements des modernes partisans de la morale de l’égoïsme et de l’intérêt bien entendu étaient en germe dans les théories épicuriennes. On peut croire que c’est là le secret de la prédilection de Sénèque pour Épicure ; ce stoïcien déclamateur n’a un faible si prononcé pour Epicure et ne passe si souvent dans son camp, comme espion, non comme transfuge, » que parce qu’il y trouve une psychologie plus fine et plus déliée que la psychologie de ses maitres, et que c’est précisément ce qu’il faut à un prédicateur de morale, à un directeur de consciences. Il essaye de se faire illusion à lui-même quand il déclare qu’Épicure est « un héros sous les habits d’une femme » ; l’héroïsme d’un Zénon était d’un tout autre ordre, Enfin on s’accorde volontiers aujourd’hui, et M. Wallace semble être de cette opinion, à dire que la théorie du clinamen est au fond une origine toute psychologique ; le clinamen est la spontanéité ou la liberté de l’atome. Les sens ne le perçoivent même pas ; ils ne font