Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
344
revue philosophique

temps de réaction. Les psychologues ont étendu la proposition en disant que l’idée du mouvement, c’est le mouvement qui commence. Nous avons donné antérieurement la démonstration expérimentale de la légitimité de cette proposition. Nos expériences précédemment rapportées et celles-ci montrent, en outre, que l’attention exagère la puissance du mouvement. Sur le sujet que nous avons souvent pris pour type, à cause du grossissement des phénomènes, jamais la pression manuelle au commandement ne dépasse 25 ou 26 ; sous l’influence de l’attention prolongée elle peut atteindre 40. C’est, du reste, un fait qui avait été signalé depuis longtemps, mais sans avoir été bien compris. Fechner a observé que l’attention s’accompagne d’une certaine tension des muscles. À la séance qui a suivi la communication du résumé de mes expériences à la Société de psychologie physiologique, M. P. Janet a rappelé un fait raconté par Rey Régis dans un ouvrage qui date de 1789, et ayant trait à un malade qui ne pouvait faire certains mouvements avec sa main

[Image à insérer]

Fig. 3. — Premier effort au commandement, phénomène de la mise en train sur un sujet normal. (Le tracé se lit de gauche à droite.)

que lorsqu’il la regardait ; et M. Charcot a cité une observation du même ordre. Les expériences dynamographiques soit sur les fléchisseurs des doigts, soit sur d’autres muscles, montrent que, sous l’influence de l’attention, l’effort peut être porté presque à son maximum ; par conséquent, si les expériences sur les effets des excitations sensorielles portent sur l’effort préparé, elles donneront des résultats beaucoup moins nets, et peut-être nuls sur certains sujets. Comme, d’autre part, il est impossible de mesurer le degré d’attention ; il est indispensable, pour pouvoir mesurer les effets de chaque excitation, de procéder comme je l’ai fait, en étudiant l’effort au commandement.

Sur le tracé 3 qui montre un premier effort au commandement, on voit bien les effets de la mise en train, on constate une augmentation graduelle de la pression.

Le tracé suivant (fig. 4) montre au contraire que le premier effort préparé donne le maximum de pression ou peu s’en faut.

Il faut noter d’ailleurs que l’exagération de l’énergie, dans ces circonstances et dans celles que nous aurons à étudier, ne se manifeste pas seulement par la plus grande intensité d’un seul effort, elle détermine encore une exagération de la puissance à répéter le même mouvement avec une intensité plus grande. Elle produit en outre un autre effet qui revient aussi à l’augmentation de la résistance à la fatigue : sous l’influence de ces mêmes excitations, l’effort soutenu se trouve prolongé.