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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/60

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revue philosophique

Este jóven catedrático va adelantado ; pero aun tiene mucho que barrer, en signalant les propositions que l’auteur réputait les plus brillantes. Alors je pris le balai et commençai à balayer, bien décidé à ne pas laisser le moindre grain de poussière à la scolastique. Tomé, pues la escoba, y empezé à barrer, determinado à no dejar ni el mas minimo polvo del escolasticismo, ni del inutilismo, como yo pudiese epercibirlo. C’est lui-même qui rapporte ces deux anecdotes, dans une lettre datée de New-York, le 22 octobre 1840.

Ce programme de l’an 1813, dont l’épigraphe est empruntée de Condillac, renferme des propositions hardies, telles que celle-ci qui est la vingtième : « L’autorité des Saints-Pères en matière de philosophie est exactement la même que celle des philosophes qu’ils suivent ». Et, à chaque page, la raison maintient ses droits. On sent le souffle du dix-huitième siècle. La servante émancipée tient à conserver son indépendance, et les théologiens se mettent à philosopher sans invoquer les lumières surnaturelles. Les prélats éclairés suivaient avec intérêt cette évolution qui aurait pu aboutir à l’obsequium rationabile de l’Apôtre, si le dogme étroit pouvait aboutir à la tolérance. À la prière de l’archevêque de Saint-Domingue, D. Pedro Valéra y Jimenez, VaréIa avait composé en latin, suivant l’usage consacré, segun era costumbre de aquel tiempo, dit-il, un cours de philosophie pour le séminaire archiépiscopal. C’est en 1812 que fut imprimé à la Havane, sans nom d’auteur, ce cours qui renfermait la logique et la métaphysique, sous le titre : Institutiones philosophiæ eclecticæ, en deux volumes. Cet ouvrage servit de texte à ses leçons. L’année suivante, il composa le troisième volume en castillan, avec l’autorisation de l’évêque Espada, au risque de mécontenter les scolastiques. En 1814, l’ouvrage fut terminé par un quatrième volume contenant un traité élémentaire de mathématiques pour l’intelligence de la physique générale. Les deux derniers tomes ont pour titre : Instituciones de filosofia eclectica para el uso de la juventud.

Quoique bon latiniste, Varéla n’enseignait pas en latin : la publication des deux derniers volumes de son cours consacrait la réforme qu’il avait opérée comme professeur, en se servant du castillan, sauf dans quelques exercices réservés expressément à la pratique de la langue latine. On ne parlait latin qu’une fois la semaine, pour se conformer au règlement. L’ergotisme pédantesque se trouvait exclu de la classe ; la parole nette du maître enseignait aux écoliers à ne point se payer de mots : netteté, clarté, sincérité et prudence, voilà ce qu’il leur recommandait, prêchant lui-même d’exemple, et laissant gronder les pédants. Philosopher en castillan, dans un pays de scolastique, où l’instruction secondaire appartenait au clergé régulier, innovation hardie, réforme capitale La philosophie échappait à l’Église et entrait dans le siècle, du fait d’un prêtre qui enseignait dans un séminaire.

Les parties les plus soignées de ce cours sont l’éthique et la logique,. à propos desquelles maintes questions de psychologie appellent la dis-