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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/64

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fance, contenant l’essentiel de la religion et de la morale, simple, clair, doit être le fondement des études, et préparer de loin l’idéologie théorique de in. fin, tout en servant d’introduction à la grammaire des langues mortes et vivantes et de l’idiome national. Réformer les études en vue d’apprendre à l’homme à penser, en écartant les obstacles qui l’en empêchent dès l’enfance : tel est le problème. Pour le résoudre, il faut bannir de l’enseignement la vieille routine scolastique, en commençant par l’école primaire.

Dès lors, Varéla devient le collaborateur actif de la Société patriotique. Dans l’examen de deux traités de grammaire castillane pour les écoles, il montra ce jugement droit et ferme qui devait recommander la critique qu’il fit plus tard de la grammaire de Salva, avec une compétence remarquable. La Société représentait une sorte d’Académie libre elle contrôlait et encourageait toutes les publications sérieuses, comme aurait pu le faire le Ministère de l’instruction publique (Ministerio de fomento). La section d’éducation chargea Varéla de rédiger un recueil de maximes morales et sociales dont il se fit un grand nombre d’éditions (1818). Le 12 octobre de la même année, il prononça dans une séance solennelle de la Société, l’éloge du roi Ferdinand VII qui venait de signer avec l’Angleterre le traité pour l’abolition de la traite des noirs ; traité qui répondait aux vœux de l’île de Cuba, hautement exprimés à plusieurs reprises, dès l’an 1790. La Société se faisait l’interprète de la reconnaissance publique. Les bienfaits du gouvernement de Madrid s’expliquent par l’influence qu’exerçaient sur les décisions du roi deux hommes très remarquables, Ramirez et Arango, dont on se souvient encore à Cuba.

Varéla était doué pour l’éloquence : les oraisons funèbres de l’ancien surintendant D. José Pablo Valiente, illustre bienfaiteur de l’ile (10 mars 1818), et de l’ex-roi Charles IV (12 mai 1819), ne sont point banales la simplicité, le bon goût, la clarté et la brièveté rappellent la manière attique. Mais les succès oratoires ne le détournaient point de la philosophie. À l’ouverture du cours de 1818 (30 mars), il résuma. l’esprit de ses leçons en un discours qui était une véritable déclaration. de principes. C’est une critique assez vive de la barbarie scolastique et des adversaires de la nouvelle méthode, qui trouvaient mauvais que la physique prit une si large place dans l’enseignement philosophique. Le novateur s’exprimait avec modestie : Entre nosotros, nadie sabe, y todos aspiramos à saber. Et il invitait les curieux à ces exercices de l’intelligence où le maître et les écoliers procédaient par démonstrations et expériences : on cherchait la vérité en s’aidant de l’encyclopédie des sciences. La classe était ouverte à qui voulait la fréquenter. Grande innovation qui avait l’avantage d’initier, d’associer le public au travail de la jeunesse studieuse. L’école n’était plus fermée aux profanes comme un cloître (claustro) inaccessible au vulgaire. La même année, il publia un opuscule qui fut réimprimé en