Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 1.djvu/78

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amant sera le premier à la victoire ou à la mort. Jusques-là je resterai dans le château de mes pères, et je laisserai partir les Croisés, sans les blâmer ni les suivre.

Florestan ! s’écria Gabrielle, en se dégageant de ses bras, Florestan !… qu’oses-tu dire ! quand l’Europe s’arme pour la cause de ton Dieu ; quand la religion entraîne les peuples et les grands sur le tombeau du Sauveur ; toi seul répudiant la gloire, sourd à la voix de tes devoirs, te séparant des chrétiens, tu sembles te mettre au nombre des ennemis du Christ. Quelle destinée oses-tu te préparer ? Je vois la foudre frapper ta tête impie, et les anges repousser ton âme criminelle. Je dois immoler mon bonheur à ton salut ; je dois me condamner aux tourmens de l’absence, pour t’arracher aux tourmens éternels. Ces miracles, dont tu doutes encore, je les ai vus, l’Éternel m’a parlé, la bonne Vierge