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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/193

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boureur dirige sa charrue en improvisant des tençons à sa belle. La flûte ou le galoubet de l’amant, succède à la romance qu’il a versifiée. Le peuple foulé par son seigneur se venge par des couplets. Enfin, la langue romane, abondante, mélodieuse et pittoresque, se prête à toute l’élévation de la pensée, à toutes les délicatesses du sentiment. Le peuple même sent en poëte, et sa parole a toujours l’accent de la passion.

Je n’eus pas long-temps à courir pour trouver des torts à redresser. Ici, je vis des chaumières incendiées, des champs dévastés, des laboureurs chargés de fers ; là, de jeunes vierges enlevées, et partout la douleur et la misère, la tyrannie et l’impunité.

J’essuyai quelques larmes, je réprimai quelques tyrans, et ne fus jamais atteint par l’épée. Mes confrères et moi, cuirassés partout, nous sommes sous nos armes comme derrière un rempart.