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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/211

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me prend par la main, et me présentant à son armée :

« Enfans de Mahomet, je dois la vie à ce chrétien, je rends la liberté à tous les Français prisonniers. Je viens d’acquitter ma rançon, me dit-il alors ; mais comment acquitterai-je la dette de mon cœur ! J’essaierai. » Enfin, s’adressant aux grands de sa cour : « Reconnaissez dans ce Français l’ami de votre maître : les grâces qu’il me demandera pour vous seront toutes accordées. »

J’aurais connu le bonheur sans les souvenirs de la patrie. Soliman me proposa d’embrasser le mahométisme, pour faire taire les murmures des zélés, offensés de voir un chrétien tout-puissant à la cour d’un lieutenant du calife ; mais les chrétiens étaient encore malheureux en Asie, et j’aurais confessé d’autres dieux que les dieux du malheur ! J’aurais servi sous une bannière étrangère ! Ah !