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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/212

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périsse l’ingrat qui peut s’armer contre ses frères, ou porter d’autres couleurs que celles de son pays !

Soliman m’en aima davantage. La fidélité au parti vaincu a toujours quelque chose de grand, et la victoire elle-même salue de ses palmes le dévoûment au malheur. Alors, il me pressa plus vivement encore de ne pas le quitter ; il se plaisait à m’entendre ; je l’écoutais avec ravissement : nous parlions de tous les grands intérêts de l’humanité ; sa belle âme s’ouvrait à moi : elle a devancé son siècle. Si le monde devait avoir un maître, et que je pusse lui en donner un, je donnerais le monde à Soliman. Cependant je persistai dans le dessein de me retirer : ma famille m’appelait.

Soliman, lui dis-je, je pars comblé de tes dons, j’en saurai faire un noble usage. Un jour, si tu descends sur la route de Jérusalem, entre dans la maison du vieillard, tu y trouveras des amis, tu