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de la famille et de la patrie, il lui tenait lieu de famille et de patrie, il était son espérance et son appui. Ses discours, d’ailleurs, avaient, d’une certaine manière, charmé son voyage. Maintenant, sur une terre inconnue, chargée de deux enfans, dont elle est la mère sans avoir prévu qu’elle pouvait devenir mère, livrée à la discrétion de trois barbares, elle jette autour d’elle des regards épouvantés ; tout l’effraie, la nuit obscure, l’éclat du jour, la parole et le silence, les déserts et les hommes. Elle sent en s’éloignant des murs du sérail plus de douleur qu’elle n’en éprouva, peut-être, en quittant le château de Lansac. Elle se retourne à tout moment pour leur jeter un dernier regard. Elle ne peut plus les voir ; ses larmes coulent ; elle a tout perdu

Les soldats de son escorte étaient des nomades à demi-sauvages. L’un avait quitté les douces campagnes de l’Yémen,