Aller au contenu

Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 41 )

belle et douce cavale, aux yeux de gazelle ; la nourrissant, dans ses mains, de l’herbe la plus tendre ; retrouvant dans son lait la nourriture qu’elle avait prise dans ses mains ; tandis qu’elle paissait, il lui chantait les douleurs de Meignoun (a), de ce Meignoun, éloigné de Léïla, perdant la raison avec son amie. Hélas ! l’Arabe avait vu sa gazelle, frappée d’un trait assassin, mourir à ses côtés. Il l’avait tendrement aimée, l’aimait encore, la pleurait toujours, et racontait à tout moment avec enthousiasme, et sa vîtesse et sa beauté. Sur les chants de Meignoun, il arrangea des vers ; depuis il semblait célébrer Léïla, mais chantait sa gazelle. Tantôt sur le dromadaire docile, traversant les mers de sable, il avait vu les oasis saluer les eaux de la mer rouge et du Nil, et revu

  1. (a) Les amours et les vers de Meignoun sont fameux en Orient.