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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/47

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Sous la tente du nomade, parmi les caravanes, dans les villes, des merveilles lui furent racontées. Il savait les prodiges arrivés à la naissance et à la mort du prophète, et les miracles opérés sur sa tombe. Il savait l’histoire des califes, et surtout d’Aaron[1] et du tendre Giaffard. Dans ses courses, rêvant Dieu, l’amour et la gloire, il avait lui-même fait descendre le ciel sur la terre, son cœur avait reconstruit le monde, son imagination expliquait la nature, et, comme il arrive aux plus savans, il croyait enfin à tout ce qu’il inventa.

La tête ainsi remplie de contes, de magie, de religion et d’amour, il ne tarissait point dans ses récits. Il déroulait aux yeux de Laurette enchantée, le

  1. Les Contes arabes ont rendu populaire le nom de ce Calife ; il était amoureux de sa sœur, et la maria à son visir Giaffard, à condition qu’il ne jouirait point des droits d’époux.