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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/58

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sieurs indices, il laissait fuir le temps, qui ne revient jamais. Comme alors il gémissait de la pesanteur de sa course ! comme il regrettait sa belle cavale, émule des vents, et son dromadaire infatigable ! Enfin, il découvrit ses ennemis et ne les quitta plus. Couché sur le sable, il les suivait de l’œil, se relevait, s’élançait, volait après eux ; volait comme sa gazelle, laissant à peine la trace de ses pas. Il les rejoignait, et se couchait encore. Un arbre dominait-il les champs, il se perdait dans son feuillage ; un sol entre-ouvert lui présentait-il une retraite, il s’y jetait, et de là, ses regards, rasant la terre, convoyaient les ravisseurs : passaient-ils auprès de lui ; sa tête se baissait sous le sable dont son corps était déjà couvert. La nuit, il veillait auprès de Laurette, protégé par les ombres. Ainsi, quand elle se croyait esclave et victime, à jamais, à jamais abandonnée de la terre et du ciel, un être invisible, mais par-