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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/59

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tout présent, méditait la vengeance et sa liberté.

Il épiait l’heure favorable. La crainte d’échouer lui persuadait toujours de différer encore. Enfin, il fallait ou mourir ou la sauver. Ses forces s’accrurent avec le danger. Le lion, dont on enlève la jeune famille, est moins furieux que ne l’était l’Arabe. Il écoutait les affreux discours des Africains. Tout-à-coup le ciel l’éclaire ! Aux cris de Laurette, il se lève ; il se lève les mains chargées de sable, se précipite sur le meurtrier, lance le sable dans ses yeux, l’aveugle ; et, saisissant le fer échappé de ses mains, le couche au pied de ces malheureux enfans, dont il voulait trancher les jours.

Aussitôt, il se précipite sur l’autre Africain ; et, le fer appuyé sur sa poitrine, lui dit : « Tu m’as donné la vie, et je te la donne ; fuis à ton tour, et ne reviens jamais. » Il retira son bras,