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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/61

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noux au milieu d’eux ; et, tandis que ses enfans pressaient son sein presque tari ; tandis que l’Arabe, gémissant sur son sort, invoquait Mahomet pour elle, Laurette continuait à prier, pour lui, Jésus et Marie.

Laurette craignit long-temps de perdre Kaboul : elle le voyait s’éteindre ; ses yeux noirs, brillant jadis d’une si vive lumière, maintenant ternes et mornes, n’exprimaient plus que la fatigue de la vie et les angoisses du dernier jour. Sa bouche refusait une nourriture grossière, la seule qu’elle pût lui donner ; et peut-être allait-il mourir d’inanition, quand son amante eut l’heureuse idée d’exprimer son sein et de faire tomber dans sa bouche les dernières gouttes de la liqueur maternelle oubliées par ses enfans.

Sainte inspiration de l’amour et de la pitié ! Kaboul rouvrit ses beaux yeux : la reconnaissance y peignait déjà le