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désir de vivre ; le ciel l’exauça : Kaboul fut arraché à la mort par son amante ; il renaquit, mais pour elle. Qu’il est doux de devoir la vie à celle pour qui l’on allait mourir ! Qu’il est doux de vivre, quand la vie est un bienfait de ce qu’on aime !

Laurette n’était plus cette craintive châtelaine, dont le feuillage, agité par Zéphire, suspendait les pas tremblans ; ce n’était plus cette compagne du moine, dont les géans et les fantômes effrayaient les regards ; ce n’était plus cette enfant, incapable de veiller, même sur elle. Le malheur et l’amour avaient élevé son âme, rassuré ses esprits, multiplié sa force. Seule, dans le désert, obligée de pourvoir aux besoins du dromadaire dont Abenzaïd lui fit don ; chargée du poids de ses enfans, de l’infortune de Kaboul et de la sienne, elle suffisait à tout : elle guidait le dromadaire sur l’herbe flétrie, et la lui découvrait sous le sable. En don-